Arrêt au stand pour le réacteur n°3 de Cattenom
Arrêt au stand pour le réacteur n°3 de Cattenom
Trois temps forts attendent la centrale nucléaire de Cattenom en 2021. Mais n'en déplaisent aux unités 1 et 2 mises à l'arrêt quelques semaines pour de «simples rechargements de combustible», «cette année, la vedette c'est la visite décennale du réacteur n°3», reconnait le directeur du site Jérôme Le Saint. Un semestre d'interruption, d'auscultations, de révisions, de remises à niveau, de travaux pour cette unité qui a produit ses premiers kilowatts en 1991 «et qui n'a pas fini d'apporter de l'électricité sur le réseau».
Car l'enjeu majeur de cette opération est bien de démontrer à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) «que le réacteur et toutes les installations liées sont non seulement en tous points robustes mais parés à produire de l'énergie pour dix ans de plus», ne cache pas Yannick Simonet, directeur-adjoint de la Centrale qui a préparé cette visite décennale depuis un an et demi entouré d'une cinquantaine d'ingénieurs. Dix-huit mois pour agencer le calendrier technique d'un chantier comptant 18.000 activités, pas moins.
Débuté mi-février, l'arrêt de tranche a déjà permis de tester (et valider) le parfait état de la cuve réacteur, le cœur même du processus de réaction atomique. Reste maintenant à s'assurer de l'étanchéité du bâtiment lui-même et de sa paroi béton. Ensuite, viendra le temps de l'épreuve hydraulique du circuit primaire. Trente inspecteurs de l'ASN seront dépêchés sur site pour vérifier résistance et étanchéité des cuve, pressuriseur et générateurs de vapeur soumis à des pressions extrêmes. «Alors, et si tout va bien, l'autorisation de redémarrage tombera dans la foulée et le réacteur reprendra du service pour une décennie supplémentaire», espère-t-on à la direction du site.
Car, clairement, cet investissement de 200 millions d'euros est loin de signifier un quelconque arrêt de la production. La centrale de Fessenheim a peut-être stoppé en juin 2020, mais sa cousine lorraine entend encore jouer un rôle majeur dans le parc nucléaire français. Alors même si la Belgique tournera le dos à l'atome d'ici 2025, même si le ministre luxembourgeois Claude Turmes (Déi Gréng) qualifie la centrale de «menace directe et permanente pour les populations du Luxembourg» et même si le gouvernement Bettel réclame encore l'arrêt des installations, Cattenom ne vacille pas.
Le site mosellan donc compte bien continuer à alimenter l'équivalent de 3 millions de foyers en électricité. Soit à lui seul 70% des besoins de la population de la région Grand Est. «Mais l'électricité fournie ici est de 30 à 40% moins coûteuse que celle produite en Allemagne. De plus, il s'agit d'une production bas carbone, alors pourquoi s'en priver?», interroge Yannick Simonet. Mais surtout les équipes EDF mettent en avant leur «respect à la lettre des référentiels de sûreté de plus en plus exigeants». Ce qui devrait rassurer tout le monde à l'ombre des panaches de vapeur.
Pour preuve de cette adaptation constante, le site a vu se monter ces derniers mois quatre nouveaux bâtiments au toit bleu, un local par réacteur. «Ils abritent chacun un moteur diesel du type de ceux qui font avancer les navires marchands. De quoi assurer pendant trois jours en totale autonomie l'énergie nécessaire aux circuits de sauvegarde pour refroidir les installations en cas d'incident majeur.»
Un plus dans la panoplie sécuritaire qui a été rendu obligatoire après l'incident de Fukushima. «A l'époque, les Japonais ne disposaient pas de ces équipements et cela a été à l'origine des graves problèmes connus là-bas après le tsunami.» C'était il y a dix ans tout juste, dix ans déjà.
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