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Amazon rapproche ses dépôts du Luxembourg
Grande Région 4 min. 04.05.2021 Cet article est archivé

Amazon rapproche ses dépôts du Luxembourg

Le dépôt qui devrait ouvrir en août s'étend sur 186.000 m2, aux portes de Metz.

Amazon rapproche ses dépôts du Luxembourg

Le dépôt qui devrait ouvrir en août s'étend sur 186.000 m2, aux portes de Metz.
Photo : AFP
Grande Région 4 min. 04.05.2021 Cet article est archivé

Amazon rapproche ses dépôts du Luxembourg

Le géant de l'e-commerce vient de confirmer son implantation à Metz. Un investissement de près de 300 millions pour mettre en service ce huitième entrepôt français qui pourrait entraîner près de 1.000 embauches. Mais il n'y a pas que des vivats après cette annonce.

L'Alsace n'en avait pas voulu, la Lorraine a dit oui à Amazon. Et l'entreprise vient de confirmer son intention de s'établir en Moselle avec le lancement pour cet été de son nouveau dépôt aux portes de Metz (sur l'ancienne base aérienne de Frescaty) «Le site va entraîner la création de 1.000 emplois en CDI dans les trois années suivant son ouverture», assure la société de distribution. 


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«Tout ou presque» reste à faire dans l'e-commerce
Conséquence directe de la pandémie, les commerçants du Luxembourg ont mis un coup d'accélérateur sur les ventes en ligne. Mais cet intérêt soudain se heurte, pour l'heure, à un manque de main-d'œuvre «formée et compétente». Une lacune amenée à être comblée.

François Grosdidier, maire de Metz président de Metz-Métropole, souligne pour sa part qu'il s'agit «de la création nette d'emplois la plus importante depuis l'arrivée de PSA (à Trémery) il y a plus de 40 ans». 

Un argument social qui porte en particulier dans les régions «où le marché de l'emploi est faible», rétorque Jérôme Guilain, secrétaire (Sud Solidaire) du CSE d'Amazon à Lauwin-Planque, dans le Nord. «C'est beaucoup plus simple pour eux de s'implanter sur des bassins comme Amiens où il y avait beaucoup de fermetures», abonde Sandra Holota, déléguée syndicale CGT sur le site de Boves, un endroit «où on a beaucoup besoin d'embauches».

Car si Amazon martèle le nombre d'emplois créés (il vise 14.500 CDI en France à fin 2021), les syndicats nuancent. «Il y a beaucoup de turnover, rares sont ceux qui restent plus de 3 ou 5 ans», explique Jérôme Guilain. «On est toujours suivi par GPS, le chef sait où on est à la seconde près. Il faut être fort mentalement pour tenir longtemps.»

Les opposants à Amazon, comme l'association de défense de l'environnement des Amis de la terre, estiment en outre que le géant de l'e-commerce détruit plus d'emplois qu'il n'en crée, évoquant plusieurs dizaines de milliers d'emplois détruits en France par l'essor du commerce en ligne.

Le sociologue à l'université de Paris Vincent Chabault, auteur en janvier d'un Eloge du magasin, est prudent vis-à-vis de «ces discours militants, d'un côté comme de l'autre», mais estime que «l'argument de l'emploi avancé par Amazon devient de plus en plus périmé parce qu'on parle d'emplois largement robotisables» dans les entrepôts.

Quel effet sur l'environnement ?

Autre argument motivant l'opposition de certains élus à l'implantation d'Amazon: son impact sur le climat. Le maire de La Rochelle Jean-François Fountaine s'est récemment opposé à l'implantation d'un centre logistique de 5.700 m2 sur le port maritime de la ville, estimant que le «modèle d'activité n'est pas en phase avec les ambitions de transition écologique de l'agglomération».


Centre de tri Bettembourg Amazon, Post, Bettembourg, le 11 Juillet 2017. Photo: Chris Karaba
A Metz-Frescaty, Amazon sortira de terre en janvier
Au Sud de Metz, la prochaine plateforme du distributeur mondial sera mise en service en juillet 2021. Mais déjà la base de vie du chantier s'installe et les aménagements se réalisent autour de la future base logistique.

Mais comment mesurer cet impact? Un rapport réalisé par France Stratégie et publié récemment rappelle simplement que ce bilan environnemental «est discuté». Il appelle «à la prudence» vis-à-vis des bilans «très positifs» présentés par les acteurs, sans pour autant quantifier cet impact ou le comparer avec le bilan environnemental du commerce physique. «Le volume des livraisons, un milliard de colis par an, essentiellement à domicile, peut générer des émissions de gaz à effet de serre et des particules fines, aux conséquences sanitaires majeures», indiquait-il, préconisant, pèle-mêle, la décarbonation des flottes de livraison, une réforme rapide de la fiscalité du commerce ou de celle pesant sur les multinationales.

«Qu'on le veuille ou non, on ne peut plus faire sans Amazon... Mais on n'est pas obligé de ne faire qu'avec Amazon», conclut Laurent Dégousée de SUD-Solidaires. «Les concurrents arrivent, les syndicats se développent...» Mais le géant américain «doit se sur-responsabiliser, on ne peut pas être un n°1 non exemplaire».


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