A Saint-Avold, les conducteurs font le plein de patience
A Saint-Avold, les conducteurs font le plein de patience
30% des stations-service sont à sec en France. Et dans celles encore ouvertes, tous les carburants ne sont pas forcément disponibles. La situation devient compliquée pour des millions d'automobilistes, notamment ceux qui ont besoin de leur voiture pour travailler. Si bien qu'aujourd'hui, l'objectif n'est plus de trouver l'essence ou le gasoil les moins chers - alors que les prix continuent de flamber - mais tout simplement d'en trouver. Un défi quotidien pour certains.
Ce mercredi matin, à l'heure d'embaucher, direction Saint-Avold, où la situation correspond plutôt bien aux chiffres nationaux. Dès l'entrée de la ville en venant de l'autoroute A4, le décor est planté. Des plots empêchent d'accéder aux pompes de la station TotalEnergies, où les cuves sont vides.
Il faut vraiment que le gouvernement fasse quelque chose, sinon ce sera la catastrophe.
Un employé communal soulagé de pouvoir faire le plein
On pousse donc jusqu'à une seconde station du groupe, en périphérie de la ville. Celle-ci a aussi connu des problèmes d'approvisionnement ces derniers jours. Mais ce mercredi matin, il y a du carburant (mis à part l'éthanol E85), apparemment ça se sait et, surtout, ça se voit ! L'établissement est situé le long d'une 2x2 voies. Sur la voie de droite, les véhicules, feux de détresse enclenchés, font la queue sur une bonne centaine de mètres avant de pouvoir accéder aux pompes.
Un chauffeur-livreur, qui a déjà perdu assez de temps, explique que «ça a été compliqué. J'ai dû attendre presque 30 minutes», dit-il en s'engouffrant dans sa camionnette avant de repartir pied au plancher. Dans la file, on trouve des voitures, des camions, des utilitaires d'entreprises, les pompiers... «On est là depuis 20 minutes, aujourd'hui ça va, témoigne un employé communal accompagné de son collègue. Mais cela devient tout de même compliqué. Il faut vraiment que le gouvernement fasse quelque chose, sinon ce sera la catastrophe.»
Le prix n'a plus d'importance pour certains
La ruée à cette station TotalEnergies tient évidemment aux prix pratiqués. En plus de la remise de 30 centimes de l'Etat français, le groupe pétrolier rajoute 20 centimes. Le super 95 est affiché à 1,55 euro et le gasoil à 1,91 euro. Juste en face, il y a une autre station, Avia. Là, les tarifs sont bien différents : 1,99 le super 95, 2,10 euros le gasoil. Certains s'y pressent néanmoins, préférant ne pas patienter, quitte à avoir une facture plus salée.
Ailleurs en ville, pas de cohue comme chez TotalEnergies, mais il faut tout de même faire preuve de patience. Si le totem des prix du supermarché Match fait lui aussi la grève et n'indique aucun prix, il y a bien du carburant aux deux pompes. Résultat : une douzaine de véhicules dans la file.
La semaine dernière, ça allait encore, mais depuis lundi ça ne fait qu'empirer.
Alexandre, moniteur auto-école
Idem à l'hypermarché Cora, où une grande affiche jaune avertit d'entrée qu'il n'y a pas de gasoil. Trois à quatre voitures se suivent à chaque pompe. A chaque fois, la même scène se répète : quand un automobiliste arrive, il préfère sortir de sa voiture et aller vérifier de ses propres yeux que du carburant est encore disponible.
C'est ce qu'a fait Alexandre, moniteur auto-école. Mais mauvaise surprise pour lui qui s'est rabattu sur le gasoil Premium, indiqué comme étant disponible mais près de 20 centimes plus cher que le normal : au moment de vouloir remplir son réservoir, rien ne sort du pistolet. La cuve est finalement vide ! «Là, ça devient vraiment compliqué. La semaine dernière, ça allait encore, mais depuis lundi ça ne fait qu'empirer. Et puis j'ai une carte professionnelle pour prendre du carburant uniquement ici. Si je vais ailleurs, je dois avancer les frais.» Ce qu'il doit se résoudre à faire...
Parmi tous ces clients souvent dépités, parfois agacés, certains automobilistes relativisent. C'est le cas de Nora. «Je suis une éternelle optimiste, on trouve toujours des solutions. La semaine dernière, je suis allé dans une station-service sur l'autoroute car je savais qu'elle était approvisionnée, même si c'est plus cher. Idem ce matin, j'aurais plus aller chez TotalEnergies mais je n'avais pas envie d'attendre trop longtemps.»
Des véhicules prioritaires en Moselle
Reste que la situation est, comme ailleurs, tendue dans le département de la Moselle. D'ailleurs, le préfet Laurent Touvet a décidé, à partir de ce mercredi 12 octobre, d'interdire de remplir de jerricans dans les stations, sauf pour les professionnels qui ont besoin d'essence dans le cadre de leur activité (entretien d'espaces verts, travaux agricoles...). Une interdiction qui est également d'application dans tous les autres départements français. Par ailleurs, les véhicules de santé, de secours et des services publics vont avoir un accès prioritaire à une dizaine de stations-service dans le département mosellan.
Pas de quoi répondre à l'inquiétude de tous. Ainsi, sur les ondes de France Bleu Lorraine Nord, André Bousser, président de l'Union des entreprises de la Moselle, pousse pour que la liste des professions prioritaires soit élargie, afin de ne pas trop affecter l'activité économique.
Tous les usagers de la route sont désormais suspendus à l'évolution du conflit dans les raffineries, et aux potentielles conséquences des réquisitions de personnels ordonnées par le gouvernement français. En attendant, tous restent aussi connectés au site gouvernemental prix-carburants.gouv.fr, aux réseaux sociaux et aux cartes montrant l'état des stations en temps réel.
Celle du Monde, par exemple, indiquait ce mercredi midi que tous les établissements de Metz intra-muros étaient touchés par cette pénurie de carburants. Trois stations sont même complètement à sec. Et ce n'est guère mieux à Thionville...
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