A Metz, les militants se font rares sur les marchés
A Metz, les militants se font rares sur les marchés
En se baladant entre les étals du marché du Sablon à Metz ce mercredi matin, presque rien ne laisse présager que la France est sur le point d'élire son président. Les militants politiques semblent être aussi timides que les rayons du soleil. Seul un petit groupe de sympathisants distribuent un programme aux Messins qui veulent bien les recevoir.
«Un peu de lecture sur la présidentielle, Madame?», invective Olivia. La figure dépeinte sur le tract que la militante tend du bout des doigts ne peut être plus clivante: il s'agit d'Eric Zemmour. Là où certains habitués du marché se laissent tenter et s'encombrent plus ou moins volontiers du bout de papier, d'autres sont plus catégoriques. «Ah non, non, non. Pas ce Eric Zemmour. C'est une blague ?», s'exclame une passante.
«En tant que femmes militantes, nous n'avons jamais fait face à des personnes particulièrement virulentes. Les gens sont assez cordiaux, et s'ils ne sont pas d'accord, ils passent simplement leur chemin», font pourtant savoir Olivia et Lisa. Ce matin-là, elles sont accompagnées de Pierre, Antoine et Martin. En début de marché, les militants d'Eric Zemmour sont presque plus nombreux que les clients entre les étals, et ils s'en amusent.
Une diversité des profils
Qu'importe la faible affluence, rien ne semble ternir la motivation des sympathisants «du Z», comme ils l'appellent. «Les marchés, c'est ce que je préfère faire. Voir les gens, c'est plus sympa, et ça nous permet de tâter la population, de réussir à délivrer des messages. Les gens nous parlent de leurs problèmes et on leur répond sous le prisme du programme de notre candidat», détaille Olivia.
Un programme qui a immédiatement séduit les deux militantes, qui ont adhéré au parti Reconquête! dès le mois de décembre. Pourtant, Lisa votait historiquement plus à gauche. Beaucoup plus à gauche. «En 2012, je militais pour Jean-Luc Mélenchon. C'était avant plusieurs prises de position en 2014 et en 2015, qui m'ont déçue et fait que j'ai quitté La France insoumise en 2016», se souvient la militante qui a commencé à s'intéresser à Zemmour la même année, en regardant ses émissions.
Même son de cloche du côté de Martin. Le jeune homme, qui a milité au Parti communiste français avant de rejoindre LFI se dit déçu de la gauche. «Ayant un profil métissé, j'ai tout de suite été pris en pitié, vu comme une victime par les militants de gauche. En découvrant la droite et en adhérant au parti Reconquête! j'ai découvert une nouvelle famille qui me considère comme quelqu'un à part entière et ne me définit pas uniquement par mes origines extra-européennes», raconte le sympathisant d'Eric Zemmour.
On est là pour montrer qu'Eric Zemmour ne fait pas peur.
Alexandre, militant pour le parti Reconquête!
Une diversité des profils sur laquelle ils s'appuient pour essayer de convaincre les Messins. Dans la dernière ligne droite de la campagne, les quelque 200 militants que revendique le mouvement à Metz sont surmobilisés. Sessions de collage d'affiches, permanence, tractage, tout est bon pour fédérer autant de personnes que possible derrière leur candidat. Sur le marché, les soutiens du polémiste sont avant tout présents pour montrer «qu'il ne fait pas peur», souligne Alexandre.
Au fil de la matinée, la place Saint-Livier, située dans le quartier du Sablon, se remplit. Avec les nouveaux clients arrivent également de nouveaux militants. Vers 10 heures, Tristan et Guy arrivent d'un pas décidé. Ils sont venus tracter pour le président, Emmanuel Macron. Leurs petits bouts de papier d'un rose éclatant sur lesquels on peut lire «Cinq ans de plus» inondent rapidement les allées du marché.
A l'image des sympathisants d'Eric Zemmour, les « Marcheurs » sont particulièrement friands de ce type de rencontre avec les électeurs. «On ne peut pas baser sa campagne sur les réseaux sociaux. Il faut être partout, et c'est particulièrement enrichissant», défend Guy. Du porte-à-porte aux opérations de tractage sur le parvis de la gare de Metz, l'agenda des militants est rempli.
911 « Marcheurs » à Metz
Pourtant, l'accueil qui leur est réservé par les passants est mitigé. «De toute façon c'est déjà plié, on sait que c'est lui qui va gagner», argue une femme tout en tendant le bras pour récupérer le prospectus. Un état d'esprit qui semble s'être généralisé ces dernières semaines, aux dires des « Marcheurs ». «Il y a un véritable risque de démobilisation qui nous inquiète et qui nous frustre», confie Tristan Mechler. A ces arguments, le responsable de l'antenne messine de La République en marche répondra souvent en donnant l'exemple de la victoire de Donald Trump, à laquelle peu de gens croyaient en 2014.
Si le parti du président ne compte pas moins de 911 adhérents à Metz, seule une petite centaine de militants sont vraiment actifs sur le terrain. Tristan Mechler remarque tout de même une récente vague d'adhésion. «On en reçoit une quinzaine par mois depuis le début d'année, ce qui est plus que la normale.»
Il y a un véritable risque de démobilisation qui nous inquiète et qui nous frustre.
Tristan Mechler, responsable du comité local LREM à Metz
A l'image de Tristan, Guy a rejoint le mouvement En marche! en 2016. Cet ancien du MoDem a été séduit par Emmanuel Macron et le «nouveau souffle» qu'il apportait à la politique française. «La campagne de 2017 était très différente à cet égard, on était persuadés que notre candidat allait passer comme une lettre à la poste !»
Cinq ans plus tard, la situation a radicalement évolué. La campagne aussi. Tristan Mechler se dit particulièrement surpris de la faible présence de militants sur les marchés messins. «Nous avons déjà vu des sympathisants de Yannick Jadot, de Valérie Pécresse et de Jean-Luc Mélenchon. Rien à voir avec les élections départementales de l'an dernier où tous les candidats étaient là», souligne le responsable de l'antenne locale de LREM.
La course est pourtant lancée. Marchés, porte-à-porte, réseaux sociaux ou meetings, il reste aux candidats moins de deux semaines pour convaincre leurs électeurs.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
