Changer d'édition

20% de «nouveaux» frontaliers français au Luxembourg
Grande Région 5 min. 29.09.2022 Cet article est archivé
Etude de l'Insee

20% de «nouveaux» frontaliers français au Luxembourg

Le nombre de travailleurs frontaliers est en constante augmentation, et cela se répercute forcément sur le trafic.
Etude de l'Insee

20% de «nouveaux» frontaliers français au Luxembourg

Le nombre de travailleurs frontaliers est en constante augmentation, et cela se répercute forcément sur le trafic.
Photo : Guy Jallay
Grande Région 5 min. 29.09.2022 Cet article est archivé
Etude de l'Insee

20% de «nouveaux» frontaliers français au Luxembourg

Pascal MITTELBERGER
Pascal MITTELBERGER
Sur les quelque 86.000 Mosellans et Meurthe-et-Mosellans occupant un emploi au Luxembourg en 2020, 20% étaient de nouveaux travailleurs frontaliers. C'est le résultat d'une étude menée par l'Insee.

Selon les données du Statec, 105.600 salariés français occupaient un emploi au Luxembourg en 2020. Ils n'étaient que 46.400 voilà 20 ans, et étaient même 110.200 en 2021. Bref, la part des travailleurs ne cesse d'augmenter. 


«Notre avenir, c'est le Luxembourg»
A l'occasion de la rentrée politique, Michel Paquet, président de la communauté de communes de Cattenom et environs, liste les projets de son territoire. Evidemment, les sujets liés au Luxembourg voisin sont nombreux. Tout comme les appels du pied.

L'homologue français du Statec, l'Insee, fait évidemment le même constat, dans une étude parue la semaine passée, jeudi 22 septembre. Celle-ci s'appuie néanmoins sur une originalité. «C’est un nouveau travail, jamais effectué auparavant, utilisant les déclarations de revenus pour étudier le travail transfrontalier », explique Lionel Viglino, auteur de l'étude. Avec un focus particulier sur la Moselle et la Meurthe-et-Moselle.

Ainsi, en 2020, l'Insee dénombre 86.100 résidents de ces deux départements travaillant au Grand-Duché. Un chiffre interpelle plus particulièrement. Sur ce nombre, 20% sont des nouveaux frontaliers. La proportion est quasi identique en 2018 et 2019.


L'agglomération des 3 frontières mise sur la mobilité douce
Engagé en 2017 dans le cadre d'un projet transfrontalier et européen, l'aménagement d'un réseau de pistes cyclables en site propre à la frontière entre Luxembourg, France et Belgique touche à sa fin. Six gares sont ainsi reliées.

L'Insee précise encore que sur ces 17.700 «néo-frontaliers» de 2020, les trois quarts occupaient un poste en France l'année précédente, et un peu plus de 60% habitaient déjà en Moselle ou Meurthe-et-Moselle et n'ont pas changé de commune de résidence.

La part de travailleurs précaires difficile à estimer

Comment expliquer cette proportion annuelle de 20% de nouveaux navetteurs parmi les frontaliers? Une hypothèse avancée est la présence d'une grande part de travailleurs dits précaires. «Des frontaliers travaillent au Luxembourg, repartent plus d’une année puis reviennent parfois y travailler. Il faut comprendre précaire non pas au sens salarial du terme, mais temporel. (…) Cela correspond au volume des intérimaires selon les chiffres de l’Inspection générale de la Sécurité sociale, mais je ne peux pas affirmer que ce sont bien les mêmes personnes», précise Lionel Viglino.

Il faut voir cette étude comme la première qui, si elle suscite de l’intérêt, pourra ouvrir la voie à des études plus complexes.

Lionel Viglino, auteur de l'étude de l'Insee.

«Une étude sur une plus longue période permettrait de mieux connaître ces frontaliers précaires, et de confirmer la part qu’ils prennent dans les nouveaux frontaliers en revenant travailler au Luxembourg, après un arrêt d’une année ou plus», poursuit-il dans la description de ses résultats.

Pour l'auteur de l'étude, il s'agit donc là d'une première étape. Il espère approfondir le sujet dans les mois à venir. «Il faut voir cette étude comme la première qui, si elle suscite de l’intérêt, pourra ouvrir la voie à des études plus complexes. Je n’ai pas voulu attendre d’avoir plus de choses à publier, sachant qu’il y a un vrai besoin social et d’information autour du phénomène des frontaliers. J’ai voulu publier dès que j’ai eu quelque chose de présentable.»

Pourquoi viennent-ils travailler au Luxembourg? Evidemment, les salaires pratiqués au Grand-Duché ne sont pas étrangers au phénomène. L'étude a comparé les revenus déclarés d'activité d'origine luxembourgeoise à ceux d'origine française. «On aboutit à un ratio de 1,25 à 2,04.» Signification de ce 2,04: «A proximité de la frontière, les frontaliers gagnent en moyenne deux fois plus que leurs voisins qui travaillent en France», peut-on lire.

Des salaires du simple au double par rapport à la France

C'est par exemple le cas pour les habitants des communautés de communes de Cattenom et environs, où un tiers de la population des 15-64 ans de ce territoire sont des travailleurs frontaliers.


Un Français touche 11.600 euros de moins qu'un Allemand
L'institut national de la statistique et des études économiques vient de publier un rapport sur l'impact des frontaliers dans la balance des paiements.

Dans l'intercommunalité du Pays-Haut Val d'Alzette (Audun-le-Tiche/Villerupt), ces derniers représentent un peu plus d'un quart des 15-64 ans. Leur part est de 20% dans les agglomération de Longwy et Thionville. 

La nature des emplois et le niveau de qualification des travailleurs frontaliers «peuvent expliquer en partie cette différence de salaire», précise l'étude. Plus on s'éloigne de la frontière, plus ce ratio salarial diminue. Mais de manière moins rapide, tout de même, que la part des frontaliers dans la population totale. Ainsi, pour les travailleurs frontaliers résidant dans la métropole messine, qui représentent 3,8% des 15-64 ans, le salaire moyen est encore 1,8 plus élevé que pour un habitant salarié dans cette agglomération.

Concernant cette question salariale, Lionel Viglino espère, là encore, affiner ses statistiques dans un avenir proche. «J’aimerais bien faire un border pay gap, sur le modèle du gender pay gap. Mon idée pour l’année prochaine est d’obtenir les écarts des rémunérations en passant la frontière, détaillés par des éléments d’explication : niveau de diplôme, ancienneté, secteur d’activité, pratique ou non du luxembourgeois», conclut-il.

Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.


Sur le même sujet

Regarder vers le Luxembourg et plaider pour un renforcement des liens transfrontaliers, c'est courant pour un élu du sillon mosellan. Cela l'est moins dans l'Est du département, plutôt tourné vers la Sarre. C'est pourtant le cas du maire de Forbach.
Une nouvelle plate-forme en ligne doit permettre d'attirer davantage de salariés européens et extra-européens en facilitant les échanges entre employeurs et candidats. Son nom? Work in Luxembourg.
Arbeitsmarkt
Les frontaliers sont toujours de plus en plus nombreux au Luxembourg: en janvier 2018, ils étaient 187.800 à passer la frontière, et parmi eux plus de la moitié résident principalement en Lorraine. Depuis quand le Luxembourg est-il l'eldorado des frontaliers français? D'où viennent-ils? Où travaillent-ils?