Une solution de plus pour l'apprentissage
Une solution de plus pour l'apprentissage
«On pouvait s'attendre à pire.» A la sortie de l'été, Tom Wirion affiche un soulagement sur la situation de l'apprentissage au Luxembourg. Inattendu alors qu'en juin dernier le directeur général de la Chambre des métiers tirait la sonnette d'alarme sur le dispositif de formation qui, bon an mal an, forme quelque 5.000 jeunes. La crise sanitaire et économique était passée par là et les entreprises formatrices se montraient plus que timides à reprendre des élèves sous leurs ailes. «Chacun a fait sa part et cela semble s'arranger», indique donc Tom Wirion.
Les prochaines semaines devraient confirmer son propos. Déjà quand le 15 septembre, le service orientation de l'Adem présentera les derniers chiffres sur la situation de l'apprentissage. «Mais de ce que je perçois, nous retrouvons un peu d'optimisme» analyse le représentant de près de 7.000 entreprises. Et chaque jour apporte une éclaircie de plus, comme cette récente annonce du ministère de l'Education de mettre en place un accompagnement pour les jeunes en difficulté pour trouver un poste d'apprentissage.
Ainsi, à compter de cette rentrée, le Centre national de formation professionnelle (CNFP) accueillera ces adolescents qui, faute de tuteur en entreprise, pourront entamer la première année de leur CCP (certificat de capacité professionnelle). De quoi rassurer les futurs mécaniciens, électriciens, peintres, décorateurs, débosseleurs, chauffagistes ou serveurs actuellement sans perspective de tutorat.
«La partie scolaire de l'enseignement sera toujours assurée en lycée, mais le reste de la formation pourra être encadré dans les CNFP d'Esch ou Ettelbruck», a ainsi présenté le ministre de l'Education lors de sa conférence de presse de rentrée. Un Claude Meisch (DP) soucieux de «protéger les jeunes du chômage et de les maintenir sur le chemin de l'éducation».
Cette nouvelle mesure rassure Tom Wirion et, au-delà, l'artisanat luxembourgeois. «Personne qui choisit la voie de l'apprentissage ne restera donc sur le carreau», résume le directeur général. Et de saluer au passage ce nouvel engagement pris par le gouvernement pour soutenir la filière d'apprentissage. «Déjà, pendant les vacances, l'annonce des nouvelles primes uniques attribuées avait persuadé quelques membres de saisir l'opportunité de prendre un jeune en formation malgré les incertitudes des carnets de commande. Là, c'est directement à celles et ceux qui veulent rejoindre nos métiers que le ministère tend la main : c'est un pas de plus.»
De son côté, la Chambre des métiers n'a pas manqué de remobiliser ses adhérents autour de cette problématique. En proposant des formations gratuites pour les futurs tuteurs (qui affichent complet). «Si l'on veut perdurer dans nos activités, au-delà de ces temps difficiles, il faut transmettre nos savoir-faire. Tout n'est pas une question de carnet de chèques», insiste la voix de quelque 90.000 salariés. Visiblement le message a été bien reçu, «car si j'analyse les dernières données officielles, c'est rassurant.»
Ainsi, pour ce qui est des postes déclarés par les entreprises artisanales, la différence entre juillet 2020 (520 places) et juillet 2019 (527) n'a pas de quoi préoccuper. Même évolution pour le nombre de placement d’apprentis enregistrés à la Chambre des métiers : 400 (par rapport à 416 à la même date en 2019). «Sachant que le délai d'inscription a été prolongé, il se pourrait que l'on ait réussi à éviter une chute de l'apprentissage».
Un avis que modère toutefois Tom Wirion, «car d'une branche à l'autre, l'offre et la demande de postes d'apprenti suivent des tendances bien différentes». Le marasme qui frappe les salons de coiffure, d'esthétique et plus largement tout ce qui est soins à la personne se répercute sur le nombre de places ouvertes pour des formations. Et pour ces secteurs, les jeunes se montrent aussi un peu plus réticents à postuler, sans doute par crainte d'être exposés au covid dans des professions où la proximité avec la clientèle s'impose.
Promouvoir cette voie
La Chambre des métiers cherche d'ailleurs à convertir les adolescents encore indécis à se lancer dans la voie de l'apprentissage. Une campagne de promotion pourrait voir le jour d'ici peu, «histoire de rattraper la communication sur nos filières que n'ont pas pu faire les services d'orientation scolaire qui ont eux aussi été à l'arrêt avec le confinement». Il serait en effet dommage que si les entreprises acceptent de consacrer du temps à des formations, elles ne trouvent pas suffisamment de volontaires maintenant.
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