«Un manque de perspectives pour les entreprises»
«Un manque de perspectives pour les entreprises»
(ER avec ndp) - Même si l'Etat s'est engagé à soutenir différents secteurs de l'économie à hauteur d'environ neuf milliards d'euros pour faire face à la crise du covid-19, le président de la Chambre des métiers, interrogé par nos confrères du Luxemburger Wort, souhaite des mesures plus équilibrées et des engagements encore plus forts.
Votre prise de position sur la gestion de la crise du coronavirus comprend pas moins de 36 mesures (Task Force sur la suspension des délais pour permis de construire, réforme des congés pour obligations familiales,...). Espérez-vous que tous ces projets aboutissent?
Tom Oberweis: «En tant que Chambre des métiers, nous n'avons pas de demandes concrètes mais nous voulons fournir des éléments de réflexion mais aussi attirer l'attention sur des thèmes sur lesquels il serait bon d'agir. Dans notre catalogue, nous évoquons beaucoup de mesures qui sont relativement faciles à mettre en place. Je pense par exemple au Plan climat du Luxembourg pour 2021-2030.
Nous proposons également un renforcement de l'assistance aux entreprises qui font appel au chômage partiel ou la réduction du temps de travail. Nous nous considérons comme un partenaire du gouvernement. Ensemble, nous pouvons faire avancer les choses.
Ce lundi, de nombreuses entreprises de l'artisanat ont repris leurs activités. Peut-on parler de soulagement?
«Ces mesures sont une lueur d'espoir pour notre industrie mais cela ne signifie pas que les problèmes sont oubliés. Au contraire. Notre document contient des propositions qui vont du court terme (mai) au moyen terme (juin à décembre). Les entreprises ont besoin de perspectives et de planification. Les problèmes économiques ne vont pas s'envoler avec la fin du covid-19. Nous devons à présent préparer l'après-crise.
Au sein du ministère de la Santé, il y a une équipe de gestion de crise qui élabore une stratégie et cela fonctionne bien. Pourquoi n'y a-t-il pas ce type d'initiative au sein du ministère de l'Economie? Cela permettrait d'avoir un contact commun pour les différents secteurs. S'il y avait eu un organisme de coordination comme aux services de la santé, il aurait pu donner une meilleure impulsion au moment de la reprise des activités.
L'ajustement du congé collectif obligatoire dans le secteur de la construction figure dans vos revendications.
«Les associations concernées sont en discussion à propos d'une éventuelle adaptation, nous ne sommes que des observateurs. L'idée est de réorganiser le congé collectif d'été (et d'hiver) afin de donner aux entreprises la possibilité de réaliser les commandes reportées suite à la crise sanitaire et de garantir leur rentabilité sur l'année 2020.
Quel regard portez-vous sur le plan d'action pour les petites et des entreprises moyennes qui devait être revu avant la pandémie de covid-19?
«Ce plan d'action comprend des mesures utiles pour les petites et moyennes entreprises et notamment dans les domaines de l'économie. Ces sociétés vivent des moments difficiles. L'exonération fiscale pour les aides d'État, la création d'un cadre pour le crowdfunding des PME en tant que financements alternatifs de leurs nouveaux modèles d'affaires, l'instauration d'un régime spécifique 1er établissement ou encore un régime spécial sécurité alimentaire artisanale vont dans le bon sens. Nous restons attentifs à la mise en place de cette réforme.
De plus en plus de propriétaires d'entreprises artisanales ont des craintes sur l'avenir de leur société avec notamment l'absence d'un successeur.
«C'est l'une des préoccupations majeures pour de nombreux entrepreneurs. Ils veulent arrêter ou cherchent un successeur. C'est un sujet sensible dont nous discutons avec la Chambre de commerce. Certaines personnes ont construit pendant des années leur société... Avec la crise du covid-19, ils risquent de devoir tout recommencer à zéro. Ce sont les craintes des personnes d'environ 55 ans. J'ai peur, qu'après la crise, beaucoup ne poursuivent pas leur aventure. Ils sont nombreux à se demander comment ils vont gérer leurs activités à moyen terme et surtout s'ils vont s'en sortir... Il y a un manque de perspectives pour les entreprises.»
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
