Un levier inédit de 400 millions d'euros
Un levier inédit de 400 millions d'euros
La SNCI est née de la crise sidérurgique, en 1977. Et voilà qu'une nouvelle crise, sanitaire cette fois, donne l'occasion à la Société nationale de crédit et d'investissement de se porter au chevet des sociétés luxembourgeoises. «Car même si elles étaient bien gérées, que leur carnet de commandes était rempli, elles viennent de prendre un coup sur la tête», commente Patrick Nickels, président de la banque publique.
Si des entreprises sainement gérées se retrouvent ainsi groggy, la SNCI entend surtout éviter les KO via un nouvel outil : le Financement spécial anti-crise (FSAC). Ainsi, le gouvernement a fait de l'établissement un de ses bras armés dans la mise en place de son plan de stabilisation de l'économie. Sur les 8,8 milliards d'euros d'aides et soutiens annoncés par le Premier ministre Xavier Bettel (DP), la Société nationale prendra donc sa part d'efforts. En l'occurrence : 400 millions d'euros pris sur ses fonds propres. «Si, historiquement, nous avions une approche de financement à moyen et long terme (soutenant la réalisation de projets d'investissement incluant des coûts de bâtiments, équipements ou outils de production), là il s'agit d'agir pour combler les besoins de financements à court terme», résume Marco Goeler, sous-directeur de la SNCI.
Ainsi, la Société nationale s'adresse-t-elle aux entreprises de toutes tailles (PME à grandes firmes en passant par les indépendants disposant d'une autorisation d'établissement selon la loi de 2011). Mais la démarche initiale consiste pour les chefs d'entreprise à se rapprocher de leurs banques privées habituelles pour solliciter et justifier le besoin d'un prêt rapide. La banque étudie la demande, et si elle la valide, la SNCI peut y contribuer en apportant jusqu'à 60% de la somme attendue.
L'étude du dossier se fera donc «par l'établissement de confiance, et nous accompagnerons selon de nouvelles conditions», résume Patrick Nickels. Ainsi, les limites du soutien possible de la banque publique ont été fixées entre 12.500€ minimum et 10 millions d'euros, remboursables selon un taux fixe et sur cinq ans maximum. «Car il ne s'agit pas d'une allocation distribuée à fonds perdu comme il peut en exister via d'autres dispositifs», précise-t-on du côté de la banque publique.
Huit fois plus
De plus (et si besoin), la SNCI pourra accorder une suspension du remboursement de la part capital du FSAC, pendant deux ans. Les banques commerciales ayant assuré le gouvernement qu'elles aussi se montreraient souples sur les moratoires tolérés. Donnant l'exemple dès le 17 mars dernier, la SNCI a d'ailleurs déjà accordé des moratoires à ses emprunteurs, repoussant d'emblée les échéances trimestrielles attendues pour mars et juin.
Les montants d'intervention de la SNCI varient habituellement d'année en année. «Pour vous donner une idée du rôle qui nous est confié: en 2018, nous accordions de l'ordre de 56 millions d'euros de crédits d'investissement. Cette fois, le nouveau dispositif est huit fois plus élevé», note Marco Goeler.
A situation exceptionnelle, mesure unique donc. Et chaque rouage de la puissance publique joue son rôle de bon Samaritain dans cette crise économique. Ainsi, le ministère de l'Economie a-t-il déjà reçu près de 15.000 demandes de mise en chômage partiel, et celui des Classes moyennes quelque 10.000 sollicitations d'indépendants pour obtenir l'aide de 5.000 euros promise par le gouvernement.
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