SES prête à scinder ses activités
SES prête à scinder ses activités
Si SES reste à ce jour le premier fournisseur de services de télécommunications par satellites au monde, l'entreprise compte se restructurer. Si sa flotte de plus de 70 satellites ne lui pose pas de problème, c'est la gestion des équipes au sol qui tend à se complexifier. Steve Collard, CEO de SES revient sur les options de développement envisagées pour la compagnie qui compte 35 ans d'activité au compteur.
SES va fermer certains bureaux en Europe. Quels critères ont été utilisés pour effectuer la sélection ?
Steve Collar : «Notre plan stratégique "simplifier et amplifier" annoncé en mars pour repositionner SES pour les dix prochaines années est un programme de transformation stratégique. Il comprend une concentration verticale sur les activités principales, la simplification de nos processus et l'innovation pour l'avenir. Parmi nos différents sites, certains sont axés sur le client, d'autres sont plus orientés vers le back-office. Au cours des derniers mois, nous avons donc examiné de près les endroits où il est judicieux de se rendre.
Les discussions sur un plan social ont-elles débuté au Luxembourg ?
«Nous sommes en pourparlers avec les représentants du personnel de tous les sites et avons déjà expliqué notre plan de rationalisation à la délégation du personnel à Luxembourg. La coopération avec les représentants du personnel et avec tous les employés en général constitue une partie importante de notre plan.
Les mesures de restructuration toucheront au total 10 à 15% des effectifs. Et, bien sûr, notre première priorité est d'offrir une retraite anticipée aux personnes pour lesquelles ce sera possible. Ensuite, la priorité sera de réaffecter les employés en place. Cela se fera sur une base mondiale. Nous ne savons pas encore exactement combien de salariés au Luxembourg seront touchés.
L'un des endroits ciblés pour une fermeture est le site de l'île de Man. Un choix qui se justifiait fiscalement?
«Non, nous sommes présents sur l'île depuis une dizaine d'années, mais si nous comparons ce que nous avons là-bas avec Betzdorf ou d'autres lieux, il n'est pas logique de conserver cette installation. L'île de Man était un site essentiellement technique pour le contrôle des satellites. Chaque décision de fermeture de site s'avère délicate à prendre. Mais, au fil du temps, nous avons développé une structure d'entreprise assez compliquée; nous devons maintenant rendre cela plus clair et donc réaliser des économies.
De quels types de profil d'emploi SES a-t-elle besoin et de quels types va-t-elle se séparer ?
«Nous sommes en sureffectif dans certains domaines et en sous-effectif dans d'autres. Ce dont nous avons absolument besoin, ce sont des personnes ayant des connaissances en ingénierie de réseau et dans les nouvelles technologies en général. Ces profils sont très demandés dans le monde entier. Pour nous, cela signifie une opportunité de nous recentrer et de nous assurer que nous restons compétitifs sur le marché mondial. Cela signifie également que la main-d'œuvre au Luxembourg ne diminuera pas au fil du temps, mais continuera d'augmenter.
En quoi consistera la restructuration alors ?
«Nous avons une forte activité vidéo et une activité de réseau qui se développe de façon incroyable. Il est important de refléter cela dans l'organisation et de s'assurer que nous disposons des compétences dont l'entreprise a besoin. La façon dont nous faisons des affaires avec nos clients doit être aussi simple que possible, ce qui signifie que nous devons réviser certains de nos processus, réduire la bureaucratie et aussi les hiérarchies dans l'organisation. Une idée consiste à scinder SES en deux entités.
Nous sommes au milieu de ce travail de réflexion. C'est très complexe : il s'agit de structures fiscales, de toute la structure financière de l'entreprise. Il y a donc beaucoup de détails à étudier. Nous devrions en avoir fini avec cela au troisième trimestre. Après l'été, nous pourrons en dire un peu plus.
Où l'entreprise peut-elle encore se développer ?
«Cette crise du covid 19 a mis en relief une forte demande de contenu linéaire sur les plateformes de nos clients. Un autre aspect intéressant est celui de la démographie, car il s'agit maintenant d'un public beaucoup plus jeune qui demande à accéder aux technologies retransmises par les satellites. Nous ne prévoyons pas de croissance significative dans le domaine de la retransmission vidéo (télévision). L'activité de réseau, en revanche, nécessite des investissements importants, mais elle génère également une croissance significative. Aujourd'hui, 60% de notre activité se situe dans le secteur de la vidéo; les réseaux représentant 40%. Au fil du temps, ces parts s'équilibreront à 50%. Et donc nous nous demandons s'il est toujours judicieux de réunir ces activités sous un même toit.
Si la décision de scinder l'entreprise est prise, ne faudra-t-il pas des années pour la mettre en œuvre ?
«Non. Ce que nous faisons maintenant, c'est nous assurer que nous comprenons bien ce qui serait nécessaire pour la mise en œuvre. D'ici le troisième trimestre, nous devrions être en mesure de connaître tous les détails de ce qu'il faudrait faire pour séparer les activités. Si nous devions effectivement prendre la décision de séparer les entreprises, il faudrait probablement deux ou trois mois de travail pour la mettre en œuvre et nous aurions alors terminé.»
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