Retour à l'envoyeur pour le chômage partiel
Retour à l'envoyeur pour le chômage partiel
Quand la crise sanitaire s'est déclarée et que le lockdown est venu paralyser l'économie nationale, le gouvernement n'a pas hésité : chômage partiel généralisé. Dans l'urgence, l'Etat tendait aux entreprises l'indispensable parachute pour éviter le crash en prenant à sa charge 80% des frais salariaux des employés brusquement contraints de cesser leur activité. Le dispositif a fait ses preuves, mais désormais arrive l'heure des ajustements.
Pas question en effet pour les finances publiques de laisser dans la nature des sommes indûment versées. Et sur les quelque 860 millions d'avances sur salaires déjà versés, le ministère du Travail estime que 40% pourraient ainsi retourner dans les caisses de l'Etat. Soit, tout de même, plus de 320 millions d'euros que certaines des 14.700 entreprises bénéficiaires de la mesure vont devoir rembourser. Et cela certains patrons et leurs comptables l'avaient oublié, ou espéraient sans doute un sursis.
Interrogé par Le Quotidien, le premier à s'étonner de cet empressement de l'Etat à récupérer des liquidités n'est autre que le président de la Fédération des artisans. Ainsi, Romain Schmit avoue sa perplexité alors que plusieurs administrations adoptent cette même démarche de demande de remboursement en même temps. Aussi, plaide-t-il d'ores et déjà pour que les différents ministères et leurs services de tutelle se coordonnent et proposent aux sociétés des plans de remboursement échelonnés et «ne s'y mettent pas tous en même temps». Sous peine de voir les parachutes se transformer en charges précipitant la chute de nombre de sociétés.
Un avis que partage Tom Wirion, directeur général de la Chambre des métiers: «Nous avions rendu attentives les entreprises à ce décalage mais je ne suis pas vraiment certain que toutes aient pu retrouver une santé financière suffisante pour rembourser». D'autant qu'il va aussi falloir penser à reprendre certains paiements comme ceux des cotisations sociales («reportées mais pas annulées») ou des crédits bancaires qui ont pu bénéficier d'un moratoire de quelques mois. Un automne délicat donc en perspective.
En place jusqu'au 31 décembre prochain, le dispositif du chômage partiel devrait coûter de l'ordre de 1,2 milliard d'euros à l'Adem qui en assure la gestion. Une somme jamais atteinte. Déjà, cet été, le gouvernement avait incité les entreprises à s'orienter vers d'autres formes d'aides que le chômage partiel.
Sachant aussi que dans le paquet de mesures mises à disposition par le ministère de l'Economie, pas moins de 38 millions d'euros pour d'autres aides remboursables ont été alloués à des micro-entreprises ou enseignes de moins de 10 salariés. Elles aussi vont devoir bientôt passer à la caisse. Et peut-être à la casse si, ces derniers mois, leur activité n'a pu suffisamment reprendre.
A noter que selon les conditions détaillées par l'Adem, «le redressement du décompte» prévoit que «l’employeur recevra un décompte détaillé pour chaque mois concerné», aussi bien pour un éventuel solde de restant dû que pour le montant d'un trop perçu. Aucun détail quant au délai de remboursement n'est précisé.
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