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OpenLux épingle aussi les people
Économie 4 min. 10.02.2021 Cet article est archivé

OpenLux épingle aussi les people

En 2018, Xavier Niel (à gauche) avait reçu une délégation impressionnante pour la visite de son campus de start-up Station F, à Paris.Il est aujourd'hui épinglé par l'enquête OpenLux.

OpenLux épingle aussi les people

En 2018, Xavier Niel (à gauche) avait reçu une délégation impressionnante pour la visite de son campus de start-up Station F, à Paris.Il est aujourd'hui épinglé par l'enquête OpenLux.
Photo : Chris Karaba
Économie 4 min. 10.02.2021 Cet article est archivé

OpenLux épingle aussi les people

Patrick JACQUEMOT
Patrick JACQUEMOT
Du milliardaire Bernard Arnault en passant par les chanteuses Shakira, Lara Fabian ou le footballeur Lukaku : ce ne sont pas les célébrités qui manquent parmi les actionnaires des 55.000 sociétés offshore pointées dans l'enquête sur la Place luxembourgeoise.

En regardant par le trou de la serrure du Registre des bénéficiaires, les reporters du Monde et de seize médias européens ont découvert combien le Luxembourg restait attractif. Parmi les 124.000 entreprises enregistrées au pays, nombre d'entre elles sont détenues par des non-résidents plus attirés par la discrétion des activités de la Place financière que le dynamisme économique du Grand-Duché. Ainsi, l'enquête OpenLux met-elle en évidence, par exemple, que 10.000 Belges et 15.000 Français détiennent a minima 25% de l'actionnariat dans des entreprises sans réelle activité. Coquilles vides protégeant et faisant fructifier des patrimoines mis à l'abri ici.


Kultur,Sam Tanson gibt Auskunft über Öffnung Kultur.PK,Sam Tanson.Foto: Gerry Huberty/Luxemburger Wort
«La transparence existait avant OpenLux»
Face aux accusations de l'enquête journalistique pointant le rôle trouble du Luxembourg en matière d'accueil de capitaux étrangers, la ministre de la Justice bombe le torse. «Nous sommes plus transparents que d'autres Etats», plaide Sam Tanson.

Reste qu'à éplucher les fichiers (libres d'accès), les journalistes ont non seulement découvert quelques savants montages d'entreprises connues (LVMH, Yves Rocher, etc) mais également découvert que certaines célébrités, politiques, médecins et autres présentateurs de la TV allemande trouvaient visiblement avantage à se retrouver impliqués dans la gestion de sociétés luxembourgeoises. 

Des noms, il en vient ainsi de toute la «planète people» : le roi de Bahreïn, les acteurs Angelina Jolie ou Brad Pitt, le champion de golf Tiger Woods et tant d'autres.

Sans se focaliser sur ces célébrités médiatiques, économiques, culturelles ou sportives, OpenLux met toutefois en lumière quelques participations financières qui posent problème pour ces ''grands noms". Au hasard des croisements de données, les recherches ont ainsi vu apparaître comme actionnaires dans des sociétés douteuses la chanteuse Shakira ou sa consœur Lara Fabian. Mais aussi l'humoriste Alex Vizoreck et le milliardaire Bernard Arnault (repéré dans 31 holdings). Egalement des représentants des riches familles Bouygues, Guerrand-Hermès ou Mulliez (Auchan, Decathlon).

Même le puissant investisseur Xavier Niel se fait épingler par l'étude des registres luxembourgeois. Ironie de l'affaire, les mœurs financières du fondateur de Free se font pointer du doigt par Le Monde, journal dont il est copropriétaire. Mais lui reconnaît au moins que tout l'intérêt de disposer de sociétés au Grand-Duché repose sur un socle : la fiscalité «plus clémente».

Des footballeurs en défense

La liste s'allonge à l'envi : le tennisman Jo Wilfried Tsonga, le chef trois étoiles Yannick Alléno - qui affirme avoir rapatrié ses actifs en France courant 2020 -,  Michel Ohayon, le propriétaire des enseignes La Grande Récré et Camaïeu. Sans oublier  une volée de footballeurs dont 11 Diables Rouges de l'équipe nationale belge (Eden Hazard, Lukaku, Meunier pour ne citer qu'eux). 

Il est aussi question de Ronaldo (habitué de ce type de révélation) ou du milieu de terrain croate Luka Modric. Tous à des échelons divers possèdent ainsi des parts de sociétés fictives par le biais desquelles ils possèdent des biens immobiliers, des jets privés, des yachts ou d'autres investissements.


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L'opposition ne surfe pas sur la vague OpenLux
Sans la transparence du Luxembourg, la dernière enquête désignant la Place financière comme une plaque tournante du blanchiment d'argent et de l'optimisation fiscale n'aurait pu se faire. Et les députés s'accrochent à ce fait.

Mais l'enquête, dont les médias partenaires révèlent chaque jour un pan, promet d'autres révélations plus préoccupantes. Car à croiser les diverses informations, accessibles en toute transparence, les reporters ont aussi montré que parmi les investisseurs charmés par la Place luxembourgeoise tous n'avaient pas des profils aussi sympathiques que des stars du ballon rond, des vedettes du showbiz ou des magnats de l'économie. Vendredi, le dernier volet à paraître devrait ainsi mettre en relation les activités frauduleuses de la mafia italienne ou de la pègre russe avec certaines des entreprises basées au Grand-Duché. Du blanchiment certes, mais concernant de l'argent vraiment sale.

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