Où trouver l'argent du revenu de remplacement?
Où trouver l'argent du revenu de remplacement?
Si, comme il l'a dit, le ministre du Travail veut instaurer (sous conditions) un revenu de remplacement en mars, il reste du pain sur la planche. En effet, jeudi, en évoquant l'instauration de cette version inédite du chômage partiel pour les petits artisans ou petits commerçants et plus largement d'autres professions déclarées comme indépendants, Dan Kersch a jeté un pavé dans la mare. Certes, l'ensemble des partenaires sociaux reconnaissent l'urgence d'aider aussi cette catégorie de travailleur. Mais de là à s'accorder sur le mode de financement, le chemin parait encore long. Aussi long que mars est proche!
Côté patronat, le nouveau président de l'UEL crie déjà «à l'injustice». En effet, à l'Union des entreprises luxembourgeoises, nul ne souhaite aller dans le sens du ministre. C'est-à-dire faire cotiser les sociétés via la Mutuelle des employeurs, par exemple, pour trouver l'argent nécessaire. «Non, c'est le Fonds pour l'emploi qui doit servir de réserve, martèle Michel Reckinger. Les indépendants cotisent par leurs impôts à ce Fonds, il est donc légitime qu'il leur bénéficie maintenant.»
Un point de vue que l'UEL avait déjà eu l'occasion de partager avec le vice-Premier ministre socialiste. D'où l'étonnement aussi de Michel Reckinger de voir le ministre prendre pour acquis ce qui était un point d'opposition. «Comme il n'y avait aucun accord, il est dommageable qu'il relance ainsi le débat. J'attends donc du Premier ministre qu'il clarifie la position du gouvernement à ce sujet.» Autrement dit à Xavier Bettel de légitimer -ou pas- la sortie de son ministre.
Si c'est non, il faut nous le dire tout de suite !»
Michel Reckinger, président de l'UEL
Une prise de position du chef du gouvernement attendue si possible avant le 23 février, date à laquelle il était prévu que le patronat se retrouve autour de la table avec les ministres Kersch, Franz Fayot (autre LSAP) et Lex Delles (DP). Rendez-vous dont l'ordre du jour indiqué noir sur blanc est justement ''financement par le Fonds pour l'emploi''... «Donc si c'est non, il faut nous le dire tout de suite!»
Discuter, Patrick Dury en rêve. Pour le président du LCGB, ce nouveau point chaud montre à quel point «il est temps de réunir tous les partenaires sociaux, et pas seulement le patronat». En tant qu'organisation syndicale, nulle contestation autour du «nécessaire soutien qui doit être apporté à des hommes et des femmes véritablement en détresse». Mais sur l'origine même du financement à trouver, lui aussi fait la moue. «Que l'Etat y apporte sa part, je le souhaite. Que le Fonds pour l'emploi soit sollicité pour ce revenu de remplacement, nettement moins».
Côté OGBL, un communiqué précisera la position de Nora Back vendredi. Mais voilà plusieurs semaines que la présidente réclame, elle aussi, que le gouvernement remette en place une tripartite, comme en juillet dernier. Visiblement, le nécessaire consensus devant entourer la mise en place (rapide) du revenu de remplacement pourrait mériter pareil retour de tous à la table des négociations.
«Mais si le Fonds de l'emploi doit être sollicité, plus encore qu'il ne l'est pour le chômage partiel aujourd'hui, alors il faudra aussi parler de la part versée par les employeurs eux-mêmes», souffle le LCGB. Voilà une première base de discussion...
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
