Luxair vole pour... mieux redécoller
Luxair vole pour... mieux redécoller
Rostock, Oslo... La semaine passée encore, Luxair dévoilait de nouvelles destinations pour les semaines à venir. Comme si rien n'avait changé à l'horizon de la compagnie. Mais n'allez pas croire que le nouveau CEO de la compagnie aux 3.000 salariés est tombé sur la tête. «En moins de 12 heures, Dubaï affichait complet, donc ça marche. On va donc certainement proposer les Emirats jusqu'en mai» Même rush constaté en fin d'année. Du last minute qui n'a toutefois pas réussi à sauver une année que Gilles Feith lui-même qualifie de «catastrophique».
En 12 mois, Luxair a vu le nombre ses passagers piquer du nez comme jamais. Terminant l'année avec 387.370 voyageurs embarqués (contre 1,3 million en 2019). Les différents lockdown ici et là, la peur de la contamination covid en cabine, les changements incessants de règles sanitaires selon les Etats ont bien sûr contribué à cette chute de -72% du trafic passagers. Mais comme le dit le slogan actuel de la compagnie: «Yes we still fly» (trad. «Oui, nous volons toujours»). Une obstination revendiquée.
«Nous afficherons certainement de l'ordre de 150 millions d'euros de perte pour l'entreprise cette année. Mais Luxair est toujours bien sur les écrans radars», se satisfait le directeur général. Et c'est fermement, les deux mains sur le manche, que Gilles Feith entend maintenir la compagnie en l'air. En ayant réussi à tenir près de 30% du réseau prévu, le pilote pense avoir choisi le juste cap.
«D'autres compagnies sont en très grande difficulté, pas nous. Et tout le mérite ne revient pas seulement à la tripartite sectorielle qui a bien répondu à la crise», estime le directeur. En se maintenant dans le ciel, Luxair a rendu service à des milliers de personnes «qui, je le sais, nous en sont reconnaissantes. Et puis, nous n'avons pas fait flamber nos tarifs -au contraire. Il n'était pas question que le client paye une surcompensation de la crise. Nous avons aussi changé l'ADN même de nos offres, en misant sur la flexibilité que nous procure notre petite taille et le fait de disposer d'appareils de moindre capacité». La flotte de De Haviland Q400 s'avérant alors particulièrement adéquate pour des jauges plus restreintes.
Alors oui quand Easyjet ou Ryanair refusaient de décoller du Findel vers Londres cet hiver, Luxair l'a fait. Oui quand il faut proposer plus de possibilités d'évasion aux résidents, Luxair révise la liste de ses points de chute «en étant plus ponctuel, mais en ciblant bien les attentes». La liaison aller-retour vers Belgrade, proposée depuis peu, ravira ainsi certainement une partie de la communauté serbe du Grand-Duché. «En fait, nous stimulons la demande avec notre enthousiasme.»
Indiscutablement, Gilles Feith aura apporté ce souffle qui a aidé à franchir les trous d'air 2020. Avec quelques coups médiatiques, comme ce relooking d'appareils signé Sumo. Mais son engagement va bien au-delà «Quand je me réveille, je sais que j'ai cette responsabilité sur les épaules : une compagnie et ses diverses branches (airlines, cargo, tours, catering...), 3.000 employés, leur famille, les passagers... Je regarde les taux de remplissage des appareils, ensuite j'attrape sur Twitter les derniers événements qui peuvent bouleverser la journée et j'essaye de penser à la meilleure façon d'aller plus loin», jure celui dont la venue avait soulevé quelques controverses au printemps dernier.
Sans fausse modestie, le dirigeant préfère saluer «l'engagement des équipes dans tous les coups durs passés». Mais la compagnie aura pu aussi s'appuyer sur le solide CV de son patron de 44 ans. Un cursus professionnel, passant du poste d'audit consultant chez Arthur Andersen à la haute fonction publique (Post, Centre des technologies de l'information de l'Etat ou ministère de la Défense) lui donnant des ailes suffisamment solides pour supporter les turbulences actuelles.
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