Longue séquence de turbulences en vue pour Luxair
Longue séquence de turbulences en vue pour Luxair
Annoncé début octobre, l'accord destiné à garantir la pérennité de Luxair a été officiellement signé ce lundi entre direction, syndicats et gouvernement. Comme prévu, ce sont donc quelque 600 salariés qui se verront directement impactés par ce plan qui prévoit «une vaste palette de mesures» destinées à permettre à l'entreprise de «traverser cette période très difficile» et «préserver les emplois», selon François Bausch (Déi Gréng), ministre de la Mobilité.
Face à un secteur aérien qui constate l'effondrement de son chiffre d'affaires en lien direct avec le recul du tourisme d'affaires ou la prise de conscience généralisée de l'impact écologique des city trips, la réponse se veut étalée dans le temps. Selon les estimations avancées lundi, l'Etat prévoit un budget d'un peu plus de 50 millions d'euros étalé, jusqu'à fin 2023, «même s'il est impossible à l'heure actuelle de savoir quel sera le montant final», assure le vice-Premier ministre écologiste. «Nous n'avons pas le choix», ajoute pour sa part Pierre Gramegna (DP), ministre des Finances, qui précise que ce soutien financier vise avant tout à «assurer le fonctionnement de la compagnie aérienne demain».
Pour tenter de coller au mieux à la situation, les partenaires sociaux ont réaffirmé lundi leur volonté de se rencontrer deux fois par an pour «faire quelques ajustements en fonction de la situation». Le premier étage de cette stratégie qui se veut «optimisée» consistera donc en la mise en place d'une cellule de reclassement qui concernera au total 384 personnes. Dont seuls 40% sont considérés comme exerçant des emplois qui reprendront leur poste à la fin de la crise «tel quel», à en croire Dan Kersch (LSAP), ministre du Travail. Tous les autres devront faire évoluer leurs compétences pour s'adapter aux nouvelles exigences liées notamment à la digitalisation.
Qu'ils soient placés au sein de la cellule de reclassement en raison de la conjoncture ou des difficultés structurelles de leur métier, tous les salariés concernés bénéficieront du chômage partiel qui garantit 80% de leur revenu. «Mais contrairement au cliché qui veut que les personnes en chômage partiel touchent leur salaire tout en restant à la maison, ce ne sera pas le cas ici», précise le ministre du Travail qui annonce que les bénéficiaires de ces mesures devront «obligatoirement» suivre des formations, «rester disponibles auprès de leur employeur» en cas de reprise de l'activité ou bien encore être attentifs «aux besoins du marché de l'emploi».
Autrement dit, accepter de participer au prêt de main-d'oeuvre. Que ce soit au sein de leur secteur d'activité ou ailleurs. Et François Bausch de citer «les quelque 150 personnels de Luxair dotés d'une formation sanitaire qui pourrait aider le ministère de la Santé» ou la possibilité de voir certains personnels «intégrer les sociétés qui assurent le fonctionnement des bus du réseau RGTR». Alors que 265 personnes devront partir en pré-retraite, le gouvernement prévoit de déposer un projet de loi «dans les prochaines semaines à la Chambre», afin de concrétiser les mesures annoncées. Un texte qui permettra notamment d'augmenter le plafond des heures prestées dans le cadre du chômage partiel.
Pour Gilles Feith, CEO de Luxair, cette stratégie doit permettre non seulement à la compagnie aérienne de «bénéficier d'un maximum de flexibilité» en cette période «très compliquée», mais aussi d'«exploiter au mieux le temps imparti pour s'améliorer». Comprenez permettre aux personnels d'acquérir un savoir-faire plus en adéquation avec les attentes d'une clientèle amenée à évoluer. Dans un communiqué publié lundi, la compagnie assure ainsi «vouloir garantir la connexion du Luxembourg avec le reste des destinations européennes et plus lointaines» et annonce lancer, en 2021, des liaisons vers Usedom, Toulon, La Rochelle et Thessalonique. A savoir des aéroports régionaux.
Interrogés sur une éventuelle recapitalisation, les membres du gouvernement ont indiqué que cette option n'était actuellement pas sur la table. A noter enfin que ce plan sera présenté d'«ici la fin de l'année» auprès de la Commission européenne, l'exécutif européen ayant d'ores et déjà donné son aval au plan de soutien prévu pour l'ensemble des acteurs du Findel. Selon les prévisions évoquées par les ministres, un total de 320 postes devraient, d'ici fin 2023, disparaître.
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