Les spécialistes des TIC restent une denrée rare
Les spécialistes des TIC restent une denrée rare
Bien que le taux de chômage poursuive son mouvement de baisse depuis 2014, les tensions sur le marché du travail demeurent. Et se développent même, à en croire les chiffres de l'Adem qui enregistre une hausse de 69% du nombre de postes vacants entre 2015 et 2018.
Un décalage entre les offres d'emploi proposées et les compétences disponibles particulièrement visible au sein du principal pilier de l'économie luxembourgeoise, à savoir la place financière. Avec un accent mis sur les Fintech ou la finance verte, les efforts de recrutements se portent sans surprise sur les métiers ICT, mais aussi sur ceux liés aux activités de support aux entreprises. Sur le top 10 des métiers les plus recherchés auprès de l'Adem, plus de la moitié sont liés directement ou indirectement liés aux différentes activités de la Place.
Si la guerre des talents que se livrent les différents acteurs du secteur financier représente déjà une tension au sein du secteur informatique, cette dernière se trouve exacerbée par la politique globale du gouvernement, qui a érigé la digitalisation en priorité de la diversification économique. Face à cette réalité, la filière de formation se retrouve à la peine, bien que le nombre de diplômés ICT progresse au sein du marché luxembourgeois.
Entre 2014 et 2018, leur nombre est passé de 5,1 à 5,6% de la population active totale, selon les données de l'Adem. Ce qui place le pays à la quatrième place de l'UE dans le domaine, derrière l'Estonie mais devant les Pays-Bas. Autre évolution intéressante de ces dernières années: le numérique se féminise. Si la dose apparaît encore comme homéopathique, la tendance existe bel et bien puisque les femmes représentaient, en 2018, 12,1% des diplômés, contre 8,2% dix ans plus tôt.
Si appartenir au secteur ICT accorde un avantage indéniable dans la recherche d'un emploi au Grand-Duché, tous les métiers ne possèdent pas le même degré d'attractivité. Dans cette hiérarchie interne, les développeurs occupent le haut du panier. Notamment les ingénieurs développeurs spécialisés en PHP, Java, J2EE ou C++. Idem pour ceux ayant des compétences dans la gestion du big data ou de l'intelligence artificielle, mais aussi pour les spécialistes en cybersécurité. Un secteur en plein boom dans le contexte du renforcement de la protection des données, aussi bien pour les entreprises que leurs clients.
Avec une économie ouverte sur l'international et résolument tournée vers les nouvelles technologies, cette pénurie impacte directement et indirectement l'économie nationale. À en croire l'OCDE, le Grand-Duché figure ainsi en tête des pays au sein desquels les entreprises peinent le plus à attirer ces spécialistes. Un phénomène observé au moins depuis 2012.
Pour tenter de résoudre ce problème, le gouvernement a créé un dispositif d'immigration plus favorable pour toute une série de métiers. C'est ainsi qu'il a optimisé les critères d'attribution d'une carte bleue européenne. Ce sésame permettant l'accès au marché du travail au sein de l'UE pour les ressortissants de pays tiers. Depuis 2015, le ministère de l'Immigration en a délivré 1.069.
Autres pistes explorées, la réinsertion de chômeurs grâce à des formations spécialisées ou la mise en place de parcours scolaires orientés sur le numérique, à l'image des formations telles que WebForce3 ou Digital4Education.
Parallèlement, le gouvernement joue aussi la carte de la formation en entreprise avec notamment la mise en place du programme «Luxembourg digital skill bridges» qui offre aux entreprises une assistance technique et financière. Luxinnovation, l'agence nationale de l'innovation, soutient elle aussi la transition des PME vers le numérique.
Le domaine est plus que jamais à l'ordre du jour. Et, s'il fallait encore le prouver, la dernière étude TNS Ilres, commandée par le ministère de la Digitalisation, vient de démontrer l'impact des nouvelles technologies dans le pays. 95% des résidents se sont dits connectés et 84% estiment que la digitalisation est essentielle pour l'avenir du pays.
