Les grandes enseignes ne sautent pas sur l'occasion
Les grandes enseignes ne sautent pas sur l'occasion
(DH) - Désormais, le consommateur ne s'en cache plus. Il achète en seconde main. Un acte assumé, engagé même, qui traduit en partie une volonté de s'inscrire dans une économie circulaire pour lutter contre le gaspillage et la pollution. Mais si redonner vie à des vêtements, des objets ou des meubles fait le succès de certaines échoppes, les grandes enseignes du pays tardent à s'engouffrer dans la brèche. Pourtant certaines maisons mères ont pris le pli de résolument s'y engager.
Et le dernier exemple en date nous vient de Metz où, depuis la mi-septembre, l'enseigne Cora teste le marché de l'occasion dans ses murs. Pour ce faire, la marque de grands magasins s'est rapprochée d'un spécialiste de produits de seconde main et reconditionnés, afin de développer une nouvelle offre au sein de ses hypermarchés. «A plus ou moins court terme», les corners Easy Cash devraient être déployés, sur l'ensemble du réseau, selon Valentin Klein Di Giacomo, directeur partenariats chez le spécialiste de l'occasion.
Cette première convergence dans la Grande Région aurait-elle donné des idées du côté de Foetz? «Nous sommes encore en phase de réflexion», avoue Emmanuel Coulon, marketing manager chez Cora. «Nous n'avons pas encore de projet concret même si nous avons engagé des discussions à ce sujet.» «Mais, pas de doute, notre enseigne assume son rôle social et environnemental. Par des déstockages de produits de première main, par des approvisionnements en circuit court et par des dons aux banques alimentaires», souligne-t-il.
En Europe, l'enseigne Cora ne fait pas office de pionnière. D'autres avant elle ont défriché le terrain. Leclerc ou Carrefour, par exemple, se sont lancés dans un marché de l'occasion qui ne cesse de croître comme l'indique une dernière étude en date, menée par Gondola et Bpost en Belgique. Cette dernière révèle que la croissance du secteur, en 2019, a été 25 fois plus importante que celle du commerce de détail. Un secteur très impacté par la crise au Grand-Duché puisqu'en termes de variation annuelle, le volume des ventes reste en baisse de 4,2% comparé à août 2019.
Le marché de l'occasion est donc devenu un enjeu majeur pour les acteurs de la grande distribution qui y voient l'opportunité d'intégrer un mode de consommation en plein essor. Les hypermarchés Auchan sont, eux aussi, en train d'installer des rayons de vêtements de seconde main dans leurs magasins. Mais pour ce qui est du Luxembourg? Mystère. L'enseigne n'a pas répondu à nos sollicitations.
Au contraire de Cactus. Le groupe luxembourgeois leader, lui n'entend pas prendre le train en marche. Enfin, pas comme ses concurrents l'entendent. Pour s'inscrire dans une économie circulaire, Cactus mise d'abord sur «son service après-vente», comme le souligne Liz Nepper du service marketing. «Nous insistons d'une part sur le fait que l'indice de réparabilité des produits que nous mettons sur le marché est très bon et d'autre part sur la volonté de nous investir toujours plus pour contribuer à prolonger la durée de vie des appareils», assure-t-elle. C'est ainsi qu'une équipe de plus de 20 personnes reste sur le pied de guerre «pour assurer la maintenance et les conseils».
Par ailleurs Cactus n'est pas peu fier de son Velo's Occasiounsmaart. «Pour ce qui est du marché du vélo d'occasion, sa durée et son ampleur montrent que les clients apprécient.» «C'est ainsi que de très nombreux vélos changent de propriétaire endéans quelques jours», indique encore le service marketing sans communiquer sur les chiffres, comme il est de tradition au sein du groupe.
En définitive, le marché de la seconde main a de beaux jours devant lui. Et même au Luxembourg. Et ce n'est pas le phénomène Vinted qui pourrait contredire cette affirmation. L'application créée par une start-up lituanienne en 2008, boostée par la crise sanitaire, bouscule le marché de l'habillement.
«Actuellement, tu peux acheter et vendre des articles d'occasion en France, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Espagne. A l'avenir, nous nous efforcerons d'agrandir encore plus notre communauté», avait indiqué Juskas Janauskas en 2013. Aujourd'hui, l'entreprise compte 30 millions de membres pour un marché de la mode de seconde main qui représentait 13 milliards d'euros uniquement en Europe, en 2019.
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