Les fleuristes défient la pandémie
Les fleuristes défient la pandémie
(ASdN avec Nadia Di Pillo) - Alors que de nombreuses entreprises se battent pour leur existence, la fin d'année semble à l'inverse relancer les fleuristes du pays. A l'image de Chez Fleurs Iris à Luxembourg-Ville : depuis plusieurs semaines maintenant, l'équipe de Christophe et Stéphanie Daco est constamment sous pression pour préparer les affaires de l'Avent et de Noël.
«Nous avons commencé à vendre beaucoup, comme si Noël n'était plus qu'à deux semaines d'ici - c'est incroyable !», s'enthousiasme ainsi le gérant de la boutique. Avec son équipe, Christophe Daco a même commencé à faire des couronnes, «bien qu'il soit encore tôt». « Mais il n'y a rien que nous ne puissions faire à ce sujet : les clients les veulent maintenant», ajoute-t-il en riant. Un constat que confirme Stéphanie Achain, propriétaire de FleuRebelle à Ehlingen/Mess : «Beaucoup de gens attendent avec impatience la période de l'Avent et de Noël et veulent rendre leur maison vraiment belle».
Fragilisés par le tramway
Christophe Daco espère ainsi pouvoir poursuivre l'activité de l'année précédente. S'il estime que son chiffre d'affaires devrait surtout augmenter autour des fêtes, la tendance est d'ores et déjà «positive». «Au début du mois de novembre, nous pensons pouvoir atteindre les chiffres de l'année précédente.», précise-t-il.
Alors que la situation ne fait qu'empirer pour beaucoup de commerçants, pour Christophe Daco, l'impact de la pandémie est moins important que ce qu'il craignait : «Les choses vont beaucoup mieux que prévu», assure-t-il ainsi. Le fleuriste a en effet davantage souffert des travaux de construction du tramway, qui ont duré un an et demi. «Nos ventes s'étaient effondrées de 30% l'année dernière et nous n'avons toujours pas reçu de soutien financier», regrette-t-il.
Néanmoins, tout n'est pas rose pour le fleuriste. Dans sa boutique du Kirchberg, le gérant a ainsi perdu «toutes [ses] commandes régulières». A savoir, celles de grandes entreprises qui achetaient, auparavant, des fleurs chaque semaine. Et la situation ne semble pas près de changer. «Lorsque je contacte mes clients habituels, ils me disent tous qu'ils n'auront plus besoin de fleurs avant janvier ou mars».
Un avenir incertain
Chez Fleurs Wüst, une entreprise basée à Heisdorf-Steinsel - la propriétaire de la boutique croise les doigts. «Nous espérons que les clients nous sont restés fidèles», déclare Francine Wüst. Car si le travail n'a pas manqué au printemps, de nombreux événements et mariages ont été annulés cet été. «Ce chiffre d'affaires va manquer», assure la gérante, qui se dit néanmoins incapable de chiffrer l'impact de la pandémie pour l'heure : «Nous aurons une meilleure idée de la situation au début de l'année prochaine.»
Car avec ou sans virus, les perspectives du secteur sont incertaines. «Beaucoup ont abandonné», assure Christophe Daco. Selon l'Association professionnelle des jardiniers et des fleuristes, le pays compterait 33% de fleuristes en moins depuis 2010. Une baisse qui ne serait néanmoins pas liée à un désintérêt des fleurs et plantes : les résidents achètent simplement ailleurs.
«Roses, oeillets ou tulipes : presque tous les supermarchés proposent des bouquets de fleurs déjà tout faits», explique Christophe Daco. Avec pour conséquences, de moins en moins de magasins de fleurs et boutiques spécialisées. Une tendance qui n'est pas près de s'inverser : «Comme ils gagnent bien avec les fleurs et les plantes, les supermarchés et les discounters n'ont cessé d'élargir, de doubler, voire de tripler leur gamme de fleurs et de plantes», constate Christophe Daco.
Jouer sur l'art et la créativité
La crise du secteur se reflète également dans le marché de la formation. «Il y a de moins en moins d'étudiants en apprentissage à l'école d'agriculture d'Ettelbrück.», rapporte Francine Wüst. Et à la sortie de l'école, rares sont ceux préparés à exercer ce métier techniquement exigeant, regrette-t-elle.
Mais à la question d'une chance de survie des fleuristes, Stéphanie Achain n'hésite pas : «oui !», assure-t-elle. Pour elle, les fleurs ne perdront pas leur signification, «même à l'ère du numérique». La fleuriste s'appuie sur sa créativité et s'attache à rendre ses produits encore plus artistiques. «Dès le début, je me suis également concentrée sur le marketing des médias sociaux et sur une boutique en ligne pour attirer les jeunes clients».
Pour Francine Wüst aussi, ces derniers constituent une cible intéressante : «Nous constatons que de plus en plus de jeunes trouvent le chemin du fleuriste qui veulent aussi être conseillés». «C'est une tendance constante, même si elle est un peu lente.», assure-t-elle.
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