Le Tyvek produit à Contern fait barrage au covid
Le Tyvek produit à Contern fait barrage au covid
La vague covid, Paul Meyers et ses équipes l'ont vue arriver bien avant tout le monde au Luxembourg. Dès novembre 2019 quand la Chine s'est réveillée avec ce coronavirus paralysant la vie de millions de citoyens. «C'est simple, à la première semaine de crise là-bas, la demande en Tyvek a été multipliée par 30. Trois semaines plus tard, c'était multiplié par 100...» Et depuis, l'usine DuPont de Contern qu'il dirige et sa jumelle américaine n'ont pas cessé de produire le fameux textile. «C'est même notre fierté: avoir pu maximiser la fabrication alors que le monde entier était demandeur».
Il est vrai qu'à chaque crise sanitaire (Ebola, Sars) ou gros accident industriel, c'est bien vers le Tyvek que la planète se tourne. Plus léger que du papier, étanche à l'eau, quasi indéchirable, résistant à la plupart des poussières, solvants, acides et à la pénétration virale, le matériau est l’élément de base à toute bonne tenue de protection. Que ce soit pour les soignants ou des personnels exposés à un risque bactériologique, chimique voire nucléaire.
«Pour nous, il n'était donc plus question de produire des matériaux pour dossards ou bracelets pour coureurs comme nous savons aussi le faire», commente le directeur du site. Sauf que le virus, lui, a poursuivi sa course jusqu'à arriver au Grand-Duché, en février dernier. «La priorité alors a été de tout faire pour protéger le personnel qui allait faire tourner l'usine. Même si notre activité ne faisait pas partie de la liste des secteurs essentiels au pays, pas question de stopper.»
Si environ la moitié des 1.250 salariés a été invitée à télétravailler, les équipes de production ont, elles, dû surveiller les machines 24h/24 avec masques FFP2 sur le visage». Un bonus financier a d'ailleurs été accordé aux ouvriers en poste pour les remercier de cet effort.
Les mesures se sont, depuis, adaptées aux nouvelles connaissances sur le virus et aux recommandations nationales. Mais DuPont Contern continue de sortir bobines sur bobines de Tyvek, les stocker avant de les exporter. Une belle aubaine donc pour le fabricant? «Pas forcément, assure le responsable de l'usine luxembourgeoise. Si les prix de la matière ont augmenté, ce n'est pas parce que nous avons accru nos marges. Plutôt en raison du bond des coûts de production et de logistique.»
Pas simple en effet, en plein lockdown mondial, d'assurer tant l'approvisionnement en matières premières (polymère plastique) que la livraison des précieux rouleaux à l'autre bout de la planète quand le transport routier s'avère trop lent, et que le trafic aérien se réduit. «Et puis, poursuit Paul Meyers, nous ne produisons que le matériau brut ici. Avant qu'il ne devienne une blouse, il faut encore bien des étapes.» Un travail jusque-là assumé en Asie, et qu'il a fallu relocaliser pour partie en Europe centrale. Conséquence : les frais de main-d'oeuvre ont augmenté, et la facture finale des protections avec.
Sachant que dans le même temps aussi, le producteur luxembourgeois a subi un sérieux rétrécissement de son carnet de commandes pour tout ce qui est matériau destiné au secteur automobile. Les granulés plastiques, habituellement fournis, pour la fabrication de conduits moteur, étant nettement moins demandés.
«Mais le Tyvek nous permet d'assurer l'activité, et le fait que nos personnels se soient montrés disponibles durant tout ce dernier semestre a été un atout pour Contern. Je crois que l'on peut être fier d'avoir vraiment eu un taux d'absentéisme marginal durant cette période cruciale», salue le manager.
Ouverture en 2023
Si les effets de la crise se font toujours ressentir, ici et partout, le site luxembourgeois relève la tête de l'urgence covid. C'est qu'il faut penser à l'avenir de l'entreprise. Et ce futur, Paul Meyers sait qu'il passe par l'ouverture d'une huitième ligne de production. Un investissement lourd de 340 millions d'euros qui, déjà, transforme le paysage au sein même de l'usine. Si tout va bien, le chantier devrait s'achever pour début 2023.
«Pourquoi le groupe choisit d'agrandir ici plutôt que de créer une fabrique ailleurs? Parce que le process de production du Tyvek notamment demande un savoir-faire bien particulier dont nous sommes porteurs au Luxembourg. Pourquoi changer dans ces conditions?»
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