Le sort de Delphi entre les mains de Borgwarner
Le sort de Delphi entre les mains de Borgwarner
Dans l’après-midi du 28 janvier dernier, alors que syndicats et direction de Delphi Technologies négociaient le plan social prévoyant le départ de quelque 250 personnes au Luxembourg, la maison-mère londonienne de l’équipementier automobile confirmait à son staff la nouvelle publiée le matin même par la presse américaine, de la vente du groupe pour 3,3 milliards d'euros, à un autre fournisseur automobile américain, Borgwarner.
Le même jour, le nouvel acquéreur détaillait les conditions de la transaction sur actions: «Aux termes de l’accord, qui a été approuvé par les conseils d’administration des deux sociétés, les actionnaires de Delphi Technologies recevraient 0,4534 actions ordinaires de Borgwarner pour chaque action de Delphi Technologies. A la clôture de l’échange, les actionnaires actuels de Borgwarner devraient détenir environ 84% des actions de la société issue du regroupement.»
Ainsi, les actionnaires actuels de Delphi Technologies «devraient en posséder environ 16%», précisait le texte. Toujours selon le document, la transaction Borgwarner/Delphi Technologies devrait être conclue au second semestre 2020, «sous réserve de l’approbation des actionnaires de Delphi Technologies, de la satisfaction des conditions de clôture habituelles et de la réception des approbations réglementaires».
En termes de gouvernance, la société née de la fusion portera le nom de l’acquéreur. Elle sera dirigée par Frédéric Lissalde et Kevin Nowlan, respectivement CEO et directeur financier de Borgwarner. Celle-ci aura son siège à Auburn Hills, Michigan, aux Etats-Unis.
Préméditation?
A Bascharage, la nouvelle a pris de court tous les employés de Delphi, déjà secoués par l’annonce et par le début des procédures du plan social. D’autant qu’ils avaient compté sur Richard Dauch, leur nouveau CEO depuis janvier 2019, et sur ses promesses de remise du groupe sur les rails.
Au cours de cette première année, ce vétéran de l’industrie automobile (25 ans de services) et ancien commandant d’infanterie légère de l’Armée américaine, n’avait d’ailleurs cessé de prôner l’une des quatre valeurs du groupe: la transparence.
Les visées de Borgwarner sur Delphi ne sont peut-être pas si nouvelles: parmi les dix membres du conseil d’administration du groupe en effet, figurent deux ex-Borgwarner. Robin Adams, tout d’abord: au board de Delphi depuis décembre 2017, il a auparavant travaillé pour Borgwarner de 2004 à 2013, pour en devenir le vice-président. Puis Timothy Manganello: directeur non exécutif du conseil d’administration de Delphi depuis décembre 2017, il fut directeur de Delphi Automotive PLC (aujourd‘hui Aptiv) de 2015 à 2017, décembre 2017, après avoir exercé chez Borgwarner pendant onze ans, et finir à son board, comme directeur exécutif.
Avantage stratégique
Pour le nouvel acquéreur, le rapprochement devrait procurer des avantages stratégiques et financiers convaincants: opérationnellement, il renforcerait les produits et les capacités du groupe en matière d’électronique de propulsion. Pour sa part, Delphi apporterait sa technologie et son talent de pointe en électronique de propulsion, ainsi qu’une base de production, d’approvisionnement et de clientèle déjà bien établie.
A plus long terme, Borgwarner table avec cette fusion sur une offre plus intégrée de sa gamme de produits électrifiés, ainsi que sur des synergies de revenus importantes. Le groupe américain compte également sur des compressions de coûts d’environ 125 millions de dollars, d’ici à 2023. Et ce principalement à travers des économies sur les frais de vente, de gestion et d’administration.
Spécialisé dans la production de systèmes de transmission, de boîtes de vitesses et de turbocompresseurs, celui-ci a été fondé en 1880. Opérant sous le nom de Morse Equalizing Spring, le groupe prend en 1928 son nom actuel, suite à une succession de fusions-acquisitions.
Il possède des filiales et des usines en Amérique du Nord en Europe (en Allemagne, en France et au Portugal notamment) ainsi qu’en Asie. Il emploie plus de 20.000 salariés.
En avril dernier, suite à une chute de 29% de son bénéfice net au premier trimestre 2019, l’équipementier avait annoncé un plan de restructuration, ainsi que des mesures de réduction des coûts pour les deux années à venir.
