Le rêve hôtelier de Batipart se heurte au covid
Le rêve hôtelier de Batipart se heurte au covid
Des hôtels, Batipart en possédait déjà en 2019. Quinze précisément. Mais jusqu'à l'été dernier, le groupe n'avait diversifié son activité de bâtisseur en gestionnaire hôtelier qu'en Afrique. Mais, en juillet 2019, la société fondée par le Lorrain Charles Ruggieri allait réaliser une opération d'envergure sur un nouveau continent. En une seule fois, l'investisseur prenait la main, sur cinq hôtels luxembourgeois du groupe Accor et le futur (et désormais ouvert) Mama Shelter.
Motus sur le montant du rachat de ce portefeuille à l'époque comme aujourd'hui. «Mais cela ne s'est pas joué sur un coup de dés, commente Carole Faucher, cogérante des établissements luxembourgeois. Il s'agit là d'une première pierre en vue de l'établissement du groupe hôtelier bien au-delà du seul Luxembourg. L'idée était de former un ensemble européen.» Pour cela, un véhicule financier dédié avait d'ailleurs été constitué. Détenu pour moitié par la famille Ruggieri elle-même, pour moitié par des partenaires comme Crédit Mutuel Equity ou la famille Dassault.
Reste qu'aujourd'hui, covid oblige, le Luxembourg est bien «resté base de lancement» du projet, comme le souligne Claude Amar, cogérant du parc hôtelier national : Sofitel Luxembourg Le Grand-Ducal, Novotel Centre, Novotel Kirchberg, Novotel Suites et Sofitel Luxembourg Europe. Seulement le panier de 900 chambres n'a pas grandi au-delà des frontières. «Pas d'inquiétude pour l'heure, tempère Carole Faucher. Une telle stratégie se joue sur le long terme, pas dans la précipitation de coups rapprochés.»
D'ailleurs, les représentants luxembourgeois du groupe Batipart disent jouer la montre. «Les prix du marché étaient sans doute trop élevés avant la crise; là, cela remet les choses à leur place. Mais il n'y a pas encore de casse dans ce secteur d'activité qui reste, ici comme ailleurs, sous perfusion avec des aides publiques qui masquent encore la réalité économique», analyse Claude Amar. Les opportunités de rachat viendront donc, mais un peu plus tard.
En juillet 2019, Batipart a également fait l'acquisition de deux immeubles de bureaux. Pour 24.000 m2 au total. Un secteur qui a, lui aussi, traversé ces derniers mois avec certaines incertitudes. Les m2 en cours de construction allaient-ils trouver preneurs? Les entreprises auraient-elles toujours besoin d'autant d'espaces? La récente étude semestrielle de JLL a montré que le secteur est finalement passé entre les gouttes pour les six premiers mois de l'année.
BEI et Pictet ont déjà investi les 14.000 m2 à disposition sur un bâtiment, tandis que le second édifice de 10.000 m2 accolé au Mama Shelter est déjà occupé à près de 60% par un établissement bancaire. «Mais dans le monde d'après, on pourrait aussi connaître un scénario où les entreprises voudraient offrir plus de confort à leurs collaborateurs plutôt que de les entasser», croise les doigts Claude Amar.
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