Le Luxembourg s'arrime encore un peu plus à la Chine
Le Luxembourg s'arrime encore un peu plus à la Chine
(Jmh avec Mara Bilo) - Initiée début 2016, l'idée d'arrimer le Luxembourg à la Chine par le train se concrétise. Six mois après le succès de la première liaison test entre le centre multimodal de Bettembourg-Dudelange et Chengdu, capitale de la province du Sichuan, le voyage retour a débuté samedi à 15h54 heure locale (9h54 heure luxembourgeoise). Un convoi long de plusieurs centaines de mètres transportant des composants automobiles, des éléments électroniques, du textile ou des biens de consommation s'est en effet élancé sur un parcours de quelque 10.000 kilomètres.
Comme pour le trajet parti du Grand-Duché début avril, ce convoi mis en oeuvre par la «Chengdu Qingbaijiang Railway Freight Station» constitue un essai destiné à en déterminer la viabilité économique. Car si de telles liaisons directes existent depuis le début des années 2010 vers l'Allemagne, la Chine ambitionne de les multiplier, dans le cadre de son projet de «nouvelle route de la soie». Un projet primordial pour Pékin destiné à élargir sa zone d'influence économique et politique et qui séduit bon nombre de pays européens.
Preuve de l'intérêt grandissant de ce projet, l'explosion des connexions enregistrées de part et d'autre de la planète au cours des dernières années. Selon les données du ministère de la Mobilité et des Travaux publics, 6.300 trains de marchandises ont circulé entre la Chine et l'Europe en 2018, contre 3.600 l'année précédente. Et plus de 8.000 trains sont attendus pour 2019.
Pour le Luxembourg, l'opportunité de posséder une connexion ferroviaire directe avec la Chine représente une occasion de se positionner comme un acteur majeur du secteur logistique sur le Vieux Continent. «Nous pouvons livrer rapidement les marchandises livrées à Bettembourg aussi bien vers l'Europe du Sud que vers l'Europe de l'Ouest», assure François Bausch (Déi Gréng), ministre de la Mobilité et des Travaux publics qui indique que «le potentiel client existe surtout dans le sud de l'Europe, où le groupe CFL est déjà actif».
Si l'ambition initiale visait à mettre en place une connexion hebdomadaire, les dernières estimations du ministre tablent désormais sur une liaison qui relierait l'Empire du Milieu au Grand-Duché «une fois par mois, voire toutes les deux semaines». La faute notamment aux difficultés rencontrées de ce côté de la planète à mettre en oeuvre le volume de marchandises suffisant pour assurer la viabilité du convoi, mais aussi à la concurrence de projets similaires, comme celui en place à Liège.
Une concurrence européenne qualifiée de «féroce» par Barbara Chevalier, directrice stratégie et business development chez CFL Multimodal, qui se félicite que les «partenaires chinois aient pris l'initiative de mener à bien ce train test entre Chengdu et le centre multimodal de Bettembourg-Dudelange». Assurant que «les discussions se poursuivent» pour la mise en place «d'une relation de confiance» devant aboutir à une pérennisation de la liaison ferroviaire, la responsable de CFL Multimodal reconnaît cependant «dépendre de nos partenaires en Chine» pour avancer une date de lancement officielle. Et cette dernière d'avouer que «la décision finale est entre leurs mains».
