Le front syndical sur la Place vole en éclats
Le front syndical sur la Place vole en éclats
Habituellement, Véronique Eischen utilise sa verve contre les représentants de l'ABBL ou de l'ACA, pour tenter d'infléchir le cours des négociations. Jeudi, le membre du bureau exécutif de l'OGBL a dirigé sa colère contre l'Aleba, pourtant jusqu'à présent considéré comme un allié. Ou du moins comme un partenaire face aux directions des acteurs de la Place.
Mais depuis qu'un accord de principe autour de la prochaine convention collective sur la Place a été trouvé entre les représentants patronaux et le syndicat ayant conservé de peu la représentativité sectorielle, le torchon brûle. «L'Aleba sont les idiots utiles de l'ABBL», assène sèchement la syndicaliste lors d'une conférence de presse commune avec le LCGB. Comprenez un acteur «qui fait cavalier seul» et qui «ne joue pas dans le sens des intérêts des salariés du secteur financier».
Plus modéré, Gabriel Di Letizia, président du LCGB-SESF, fait état d'«une situation inédite et incompréhensible» qui rendrait impossible tout front syndical dans le cadre des négociations à venir. Car, depuis quelques jours, la convention collective dans le secteur bancaire a été dénoncée par l'ABBL, amenant de fait le déclenchement de pourparlers entre partenaires sociaux. Pour la convention collective en vigueur, la discussion s'était étalée sur plus de 18 mois avec un compromis signé à contrecœur par l'OGBL et le LCGB.
«Nous constatons que des ajustements doivent être réalisés pour le bien des salariés de la Place», assure Gabriel Di Letizia en référence «à la mise en place très tardive des nouveaux groupes» ou des pratiques «à la tête du client» réalisées au sein des établissements bancaires. Autant de situations dénoncées dans «le catalogue commun de revendications pour l'OGBL/LCGB». A savoir l'intégration de la thématique des faux cadres dans le futur texte, la mise en place de garanties d'emploi ou bien encore des mesures permettant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Sans oublier un droit à la déconnexion «d'autant plus important en cette période de télétravail où aucun contrôle n'existe», assure Véronique Eischen qui souhaite évoquer avec le ministère du Travail la question de la représentativité sectorielle de l'Aleba.
Contacté jeudi, Laurent Mertz, secrétaire général de l'Aleba, assure «ne pas vouloir répondre à ces attaques au rabais» et voit dans cette prise de position des deux syndicats nationaux «une tentative de faire glisser le débat sur le terrain politique et non plus social». Autrement dit, de remettre en question la possibilité du syndicat de signer seul une convention collective. «Ce que nous ne souhaitons pas faire», précise le secrétaire général qui assure qu'en cas de perte de la représentativité sectorielle, «l'Aleba jouera le jeu».
Le ministère du Travail, contacté jeudi, indique que cette question s'avère «très complexe» puisque les syndicats dotés d'une représentativité nationale «ont le droit d'assister à des négociations sectorielles» et qu'ils peuvent «demander le retrait de la représentativité sectorielle s'ils estiment que les procédures n'ont pas été respectées». Et ce, sans aucun délai par rapport à la tenue des élections sociales. A ce stade, Dan Kersch (LSAP), ministre du Travail, n'envisage pas de se prononcer dans ce dossier.
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