Le conflit en Ukraine fait souffler un vent d'inquiétude
Le conflit en Ukraine fait souffler un vent d'inquiétude
Après deux ans à vivre sous cloche, l'Europe pensait enfin pouvoir respirer et voir s'éloigner la pandémie de covid-19. L'allègement des mesures de restriction un peu partout sur le continent européen, malgré des niveaux de contamination qui restent élevés, laissait également entrevoir une reprise prometteuse des activités. Mais les espoirs ont vite été douchés par l'intervention militaire russe en Ukraine, qui a de nombreuses répercussions sur l'économie européenne.
L'un des effets immédiats de cette crise a été une nouvelle poussée de fièvre des prix de l'énergie, souligne le Statec dans sa note de conjoncture pour mars. «Les prix du pétrole et du gaz naturel se sont particulièrement emballés sur la première semaine de mars, avec des répercussions très rapides sur les prix des carburants», commente le Statec. Cette hausse s'est partiellement résorbée depuis, mais les cours devraient continuer à faire preuve d'une grande volatilité, au gré des développements du conflit.
Les indices boursiers toujours perturbés
Les indices boursiers devraient eux aussi continuer à être perturbés par les incertitudes qui entourent le conflit, «un signal particulièrement négatif vu du Luxembourg où ils influencent considérablement les résultats des acteurs du secteur financier.»
La guerre en Ukraine a également impacté à la hausse les prix de nombreuses matières premières, notamment dans le domaine des métaux (la Russie fournit à l'Europe de l'aluminium, du nickel, du titane et du palladium) et des céréales. Dans ce domaine, la Russie et l'Ukraine représentent 20 à 25% des exportations mondiales de blé, de maïs et d'orge.
L'Europe face à un dilemme
La situation en Ukraine a par ailleurs renforcé les craintes vis-à-vis de l'inflation, qui étaient déjà bien présentes en février. L'Europe est aujourd'hui face à un dilemme cornélien en ce qui concerne sa politique énergétique, «puisqu'elle souhaite réduire sa dépendance vis-à-vis des approvisionnements russes sans que cela ne nuise trop au pouvoir d'achat de ses citoyens et aux coûts subis par ses entreprises, et ceci sans sacrifier drastiquement ses objectifs en matière d'émissions», analyse le Statec.
Cette crise a aussi des effets indirects potentiellement importants pour la zone euro. Et donc, pour le Luxembourg. Si les exportations européennes et luxembourgeoises ne devraient pas trop souffrir directement de la situation, les flux à destination de la Russie et de l'Ukraine étant plutôt marginaux, l'impact indirect via la hausse des prix à la production et à la consommation pourrait par contre impacter significativement la demande.
Ces derniers mois, l'inflation alimentaire a considérablement accéléré, atteignant 3,2% en février. Les prix mondiaux des aliments de base ont affiché une croissance fulgurante sur les deux dernières années. Les producteurs d’aliments semblent de plus en plus contraints de répercuter les hausses sur le consommateur final, considérant aussi les augmentations de leurs autres coûts (énergie, transport, engrais, emballages, etc.).
Des perspectives mitigées pour 2022
Tous ces éléments poussent les économistes à revoir leurs prévisions à la baisse en ce qui concerne la croissance du PIB. Pour l'ensemble de la zone euro, les prévisions les plus récentes d'Oxford Economics tablent sur une croissance du PIB de 3.1% en 2022, au lieu des 3.9% encore escomptés en janvier. Le scénario le plus pessimiste prévoit une croissance limitée à 2% cette année.
Au Luxembourg, le PIB a progressé au 4e trimestre 2021. Mais les perspectives sont plus mitigées pour le 1er trimestre 2022. L'activité pourrait avoir souffert de l'absentéisme généré par la 4e vague d'infections au coronavirus. La confiance des entreprises a cependant bien résisté jusqu'à présent, mais la donne pourrait changer en mars en raison du conflit en Ukraine.
Autre conséquence de la crise en Ukraine pour le portefeuille des ménages: les prix des carburants et du mazout ont considérablement gonflé. A court terme, un arrêt des livraisons russes (à cause de sanctions de l’Ouest ou bien de représailles russes) créerait une pénurie sur les marchés.
Au Luxembourg, comme dans les pays voisins, le prix du diesel a temporairement dépassé celui de l'essence, malgré une taxation inférieure. «Cette situation exceptionnelle découlerait d’une rareté plus importante du diesel sur le marché européen, qui s’appuie en partie sur du diesel raffiné en Russie, ainsi que d’une demande extraordinaire pour le mazout de chauffage», commente le Statec dans sa dernière note de conjoncture.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine a également aggravé les conditions sur les marchés de l'énergie, déjà sous forte tension. Avec pour conséquence une véritable explosion du prix du pétrole, du gaz, de l'électricité et du charbon. La dépendance de l'Union européenne à l'égard de l'énergie provenant de la Russie a remis en question la politique d’approvisionnement énergétique de l’Europe. La hausse du prix du gaz devrait cependant ralentir et celle de l'électricité se stabiliser, grâce aux mesures gouvernementales annoncées en janvier et février.
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