La vente à la pompe à essence doublement freinée
La vente à la pompe à essence doublement freinée
Si le prix des carburants monte dans les tours ces derniers mois, les pompistes du Luxembourg, eux, tirent la langue. En effet, selon une étude du Statec publiée mercredi, les ventes d'essence et de diesel dans les 238 stations-service du pays sont freinées par rapport à celles des stations belges ou même françaises.
Et le premier de ces freins est, sans grande surprise, le covid. En raison du télétravail, des restrictions de déplacement et du confinement de certains de leurs clients, les pompistes ont d'abord dû revoir à la baisse leurs commandes. Un effet covid également observé ailleurs dans la Grande Région, mais qui a un autre impact au Luxembourg. «Les trois quarts du carburant sont vendus à des non-résidents», souligne Jill Schaul, analyste quantitative au Statec.
Réduction du tourisme à la pompe et télétravail ont ainsi engendré une baisse des volumes de carburants distribués «de 20% par rapport à 2019», à en croire Jean-Marc Zahlen, secrétaire général du Groupement pétrolier luxembourgeois.
L'assouplissement progressif des mesures sanitaires aurait dû engendrer «un rebond des importations et des ventes» de carburants dans l'ensemble de la Grande Région, note Jill Schaul. Pourtant, si une hausse des livraisons des carburants est observée au Luxembourg, elle reste moindre par rapport à la France ou la Belgique. Autrement dit, les déconfinements de début mai n'ont eu qu'un impact modéré sur les ventes d'essence et de diesel au Grand-Duché.
Selon le Statec, le deuxième frein à la vente de carburant serait lié à la taxe CO2. Instaurée en janvier dernier, cette taxe carbone commence à avoir des répercussions à la fois sur les prix à la pompe et sur les volumes de carburants distribués au Grand-Duché. Un effet «prévisible» bien que son impact «ne puisse pas encore être précisément mesuré», relève Jill Schaul.
L'experte indique que la taxe CO2 a «réduit le différentiel de prix à la pompe jusque-là nettement plus favorable au Luxembourg». S'il reste, selon elle, «substantiel pour les particuliers» (entre 15 et 28 centimes), l'avantage est reconsidéré par les routiers en transit.
Les prix du diesel luxembourgeois pour les professionnels se situent «environ cinq centimes au-dessus des prix belges», affirme l'analyste du Statec. Or, les professionnels du transport sont très sensibles aux variations de prix dans leur choix d'itinéraire. «Ce qu'on peut supposer, c'est que les routiers se tournent déjà vers la Belgique pour faire leur plein, puisqu'aucune taxe carbone ne se répercute là-bas sur le prix à la pompe», explique Jill Schaul.
Pour rappel, la taxe carbone a été instaurée le 1er janvier 2021 au Luxembourg. Le but: inciter les particuliers ou les professionnels de la route à moins consommer d'énergies fossiles. Et cela afin que le Luxembourg puisse atteindre son ambition de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 55% d'ici 2030.
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