La lutte anti-virus passe du réel au... virtuel
La lutte anti-virus passe du réel au... virtuel
En avril dernier, Franz Fayot mettait les start-up luxembourgeoises au défi. A elles d'apporter leurs armes dans le combat face à l'épidémie. Et le message est vite arrivé aux oreilles de Matthieu Bracchetti. «Depuis trois ans, nous avions avancé dans le domaine de la formation adaptée aux établissements industriels ou hospitaliers, je me suis dit que nous avions un truc à apporter», sourit le fondateur-dirigeant de Virtual Rangers. Son «truc»: un casque d'immersion virtuelle. Son «truc en plus» adapter les scénarios proposés à des soignants.
Ainsi depuis le printemps, les équipes de VR installées à Luxembourg cogitent autour d'une formation que les nouveaux personnels d'un service pourraient suivre pour ne pas commettre d'erreur. D'abord pour assurer leur propre santé, ensuite pour permettre la juste prise en charge des patients qu'ils croisent. Des scénarios pour mieux appréhender la réalité in situ une fois acquis les bons réflexes.
Après analyse du dossier présenté dans le cadre du programme StartupVsCovid, le ministère de l'Economie a dit 'banco' pour un coup de pouce. «Nous avons déjà touché 75% de l'aide de 150.000 euros offerte. C'était l'avance indispensable pour mobiliser nos compétences sur ce projet. Et là, je suis confiant, nous pourrons présenter le premier prototype complet d'ici mars 2021.» Et que l'on ne vienne pas dire au jeune chef d'entreprise que d'ici là, le virus aura permis de maîtriser la contamination covid, et que les chercheurs auront découvert le remède face au Sars-Cov2. «Car au-delà du coronavirus, ce que nous proposerons pourra se décliner sur tout type de pandémie». Bien vu.
Qui se retrouvera, demain donc, avec le casque de Virtual Rangers sur la tête se verra proposer trois formations. L'une sur les protocoles stricts à suivre pour l'habillage des personnels exposés à de possibles sujets contagieux. Lavage des mains, mise en place des diverses protections selon un ordre et des modalités garantissant leur parfaite efficacité (étanchéité notamment), puis entrée dans une zone à risque : le salarié (infirmier, médecin, aide-soignant, etc) pourra ainsi virtuellement faire des erreurs sans risquer sa peau.
«Car c'est là tout l'avantage de la formation en réalité virtuelle : être exposé au risque sans être physiquement atteignable», souligne Matthieu Bracchetti. Une vérité aussi bien valable à l'hôpital que sur d'autres lieux de travail. D'ailleurs, c'est toujours ce même principe qui a permis à Virtual Rangers d'être retenu par ArcelorMittal pour mettre en place une formation à l'utilisation de ses ponts roulants.
«Pas simple d'avoir droit à l'erreur en étant en dessous d'un de ces engins qui soulèvent 260 tonnes de métal fusion. On a donc recréé l'univers de la halle sidérurgique de Differdange et codé des situations accidentogènes pour que les salariés s'habituent à intégrer le bon réflexe dans tel ou tel cas. Là, le danger ce sera juste un virus (dont nous rendrons visible la projection). Mais les gestes de prévention peuvent être appris par ce même biais du casque.»
Le second scénario proposé portera sur le déshabillage des soignants. Avec là encore, un enchaînement de gestes à suivre impérativement. Tandis que le troisième programme en cours de développement concernera, lui, la prise en charge des patients. Quels symptômes repérés, à quel degré? Que faire des instruments ayant servi à la consultation (poubelle ou désinfection)? Vers quel service orienter le malade ou quel traitement lui assurer en priorité? Comment faire face à un flux important de sujets à gérer selon un timing serré? Et toujours comment éviter de s'exposer au moindre risque de transmission du virus?
«Nous travaillerons sur une version 3D fluide parfaitement immersive pour la mise en situation dans les conditions du réel mais aussi une version 2d destinée à du e-learning sur mobile ou PC», anticipe le CEO de Virtual Rangers. Autant de formations pour lesquelles la start-up de six salariés s'entoure de conseils de professionnels de santé. Les contacts pris, lors de précédentes missions avec le CHL ou les Hôpitaux Robert-Schuman, s'étant révélés particulièrement utiles pour recréer au plus près le risque lié au covid.
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