La guerre syndicale fait rage sur la Place
La guerre syndicale fait rage sur la Place
L'avenir d'une partie des salariés de la Place se joue en partie mercredi, à partir de 16h. A cette date se tiendra la première réunion officielle entre syndicats et représentants de l'ABBL suite à la dénonciation de la convention collective du secteur bancaire. Une rencontre entre partenaires sociaux inscrite dans la loi qui pourrait influencer de manière indélébile la poursuite des négociations.
Car deux grandes options devraient émerger de cette réunion organisée en visioconférence: soit l'entame d'un dialogue social après une sérieuse mise au point entre Aleba et OGBL/LCGB, soit la poursuite de la guerre ouverte actuelle entre les trois syndicats actifs dans le secteur financier. Au vu des déclarations menées depuis plusieurs semaines et de l'animosité ambiante, la deuxième option apparaît comme la plus probable.
Sauf que cette bataille notamment médiatique éclipse, à ce jour, les défis qui attendent la Place dans un contexte post-covid. Car si les banques et les assurances s'apprêtent à affronter les conséquences d'une probable vague de faillites et d'une baisse des primes, elles doivent aussi et surtout s'adapter à l'émergence d'un nouveau cycle. Marqué par des réglementations internationales plus strictes, le maintien de taux bas et l'apparition de nouveaux acteurs plus agiles, ce nouvel environnement va se traduire par une remise en cause des modèles économiques en place. Et une baisse probable du résultat net, pour un temps du moins.
Ce sont justement ces aspects que brandissent Aleba d'un côté et ABBL et ACA de l'autre pour défendre l'accord de principe trouvé début novembre et reconduire la convention collective actuelle. «Les gens se font actuellement assez de soucis pour leur emploi, on ne va pas de nouveau se disputer pendant 18 mois pour très peu de valeur ajoutée», résumait la semaine dernière Guy Hoffmann, président de l'ABBL, à nos confrères du Land.
Des propos qui se traduisent, dans le compromis trouvé entre l'actuel syndicat représentatif du secteur financier et les représentants patronaux, par une mesure phare. A savoir l'absence de toute hausse salariale en 2021, avant une revalorisation de 1% en 2022 et 2023. En contrepartie, l'ABBL entend mener une «clarification» des droits des salariés de plus de 50 ans. Comprenez, l'octroi d'un 26e jour de congé pour cette catégorie de personnel.
Une vision et une manière de faire loin d'être partagées par l'OGBL et le LCGB, désireux d'«éviter toutes formes de compromis malsains qui ne reflètent que le plus petit dénominateur commun». En clair, la volonté des deux syndicats nationaux de «se battre bec et ongles pour des mesures musclées». Ce qui s'est traduit par la création d'un catalogue commun de revendications, transmis à l'ABBL, qui demande notamment «des formes innovatrices en matière d'aménagement du temps de travail ou par la négociation de plans de maintien de l'emploi au sein des entreprises».
Quelle que soit l'issue de la réunion de mercredi soir, la poursuite des négociations reste suspendue à la décision que devra prendre Dan Kersch (LSAP). Car le ministre du Travail devra décider s'il suit ou non les conclusions du rapport de l'ITM sur la représentativité sectorielle de l'Aleba. Un rapport qui fait suite à une demande officielle adressée par l'OGBL et le LCGB quant aux résultats des élections sociales de 2019 qui ont vu l'Aleba échouer de peu à franchir la barre des 50% des suffrages.
Avec 49,22% des voix exprimées, le syndicat avait tout de même conservé sa première place devant l'OGBL et le LCGB. Mais se retrouve tout de même affaibli et bien loin de ses résultats de 2008 où le syndicat qui revendique sa neutralité politique atteignait 52,36% des suffrages. En cas de perte de sa représentativité, l'Aleba n'aurait alors plus son mot à dire et verrait la voix de ses quelque 10.000 membres réduite au silence. Des personnels engagés syndicalement que les deux syndicats nationaux se verraient bien accueillir à bras ouverts...
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