La France impose le masque en entreprise
La France impose le masque en entreprise
(pj avec AFP) - Depuis quelques jours, la ministre du Travail française faisait part de son intention de rendre le port du masque obligatoire «au bureau». Elisabeth Borne a officialisé son choix, mardi, au terme d'une visioconférence avec les partenaires sociaux du pays. D'ici fin août, dans «tous les espaces clos et partagés» des entreprises, il conviendra d'adopter une protection buccale. La nouvelle ministre a d'ailleurs précisé que la mesure serait notamment applicable dans des lieux comme les «salles de réunions, couloirs, vestiaires, open space».
La mesure est annoncée alors que la France connaît un net rebond des contaminations au covid-19. Ainsi, au cœur de l'été, Paris a officiellement reconnu plus de 3.000 nouveaux cas samedi et dimanche dernier. De quoi préoccuper les autorités alors que les «aoûtiens» vont commencer à reprendre le chemin du travail. Du côté de l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), «nous n'exprimons pas de semblable nécessité pour le moment», indique son directeur Jean-Paul Olinger.
Il est vrai qu'entre les deux pays, les situations sanitaires sont différentes. Ainsi, selon les derniers chiffres de Santé Publique France, 24% des «clusters» (foyers de contamination) sont situés en entreprises (hors établissements médicaux). Ce qui n'est pas du tout le cas au Grand-Duché.
Ainsi, le patronat luxembourgeois invite-t-il à plus de retenue dans les mesures sanitaires à suivre.«Il apparaît clairement des chiffres de la Direction de la Santé que l'entreprise n'est pas le lieu premier des contaminations. Par ailleurs, depuis la levée progressive du confinement, les fédérations et corporations professionnelles du Grand-Duché ont parfaitement relayé les communications relatives à l'application des gestes barrières. Cela a été fait consciencieusement, et les salariés ont accepté ces nouvelles habitudes car elles sont bonnes pour leur santé», note Jean-Paul Olinger.
Et si l'UEL ne se montre pas pro-masque dans le cadre même de l'entreprise, l'Union renouvelle son appel à la prudence. «Avec le retour de congé, il est certain qu'il faut craindre d'éventuelles reprises de contamination. Impossible pour un chef d'entreprise de savoir comment se sont comportés les salariés avec leur famille, leurs amis. D'où une vigilance qui doit être accrue pour la reprise.»
Si certains secteurs d'activité (salariés de la construction, éducation, Horeca ou soins) font désormais l'objet d'un dépistage plus resserré, le patronat ne voit pas non plus, pour l'instant, la nécessité d'imposer à chaque société d'effectuer par elle-même des tests de positivité au coronavirus. «Déjà de quel droit pourrait-elle l'imposer? Et ensuite comment en répercuter le coût?»
Pour Jean-Paul Olinger, la préoccupation des entreprises va d'ailleurs au-delà des cas individuels d'infection. «Le traçage autour des cas positifs peut aussi vite devenir un souci. Car isoler les individus, même pour quelques jours, peut revenir à bloquer toute une organisation professionnelle.» Donc en plus de veiller sur la santé individuelle de leurs salariés (qui est une obligation), les dirigeants doivent faire appliquer au mieux les consignes «s'ils ne veulent pas voir leur structure paralysée faute d'employés disponibles». A commencer par le port du masque dans les transports en commun pour venir sur le lieu de travail ou là où la distanciation ne peut être appliquée.
