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La filière bois repose sur une branche fragile
Économie 4 min. 03.08.2021 Cet article est archivé
Economie

La filière bois repose sur une branche fragile

Le Luxembourg compte près de 91.000 hectares de forêts.
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La filière bois repose sur une branche fragile

Le Luxembourg compte près de 91.000 hectares de forêts.
Photo : AFP
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La filière bois repose sur une branche fragile

Le label «Holz vun hei» (trad."Du bois d'ici") promet des produits issus de la production durable à base de bois local. Mais, dans la réalité, il n'y a pas assez de contrôle.

(pj avec Michèle GANTENBEIN) Le 12 juillet dernier, trois ministres posaient ensemble pour présenter une ligne de meubles fabriqués à partir de bois local. Une production labellisée «Holz vun hei». «Cette collection est destinée à faire connaître la ressource régionale qu'est le bois et donc contribuer à la sensibilisation sur l'origine du bois lors de l'achat de meubles», commente le site internet du Mëllerdall Nature and Geopark. Le parc naturel du Mëllerdall, à l'ouest du pays, est ainsi un des partenaires de l'initiative. A ses côtés, l'administration de la nature et des forêts et trois entreprises luxembourgeoises.

«Holz vun hei» (''Du bois d'ici'') est un projet LEADER, soutenu par des fonds européens. Et toute personne achetant un meuble porteur du label a l'assurance  que le bois provient d'une exploitation forestière durable et est transformé localement. 

Le ministre du Développement rural Romain Schneider (LSAP) et ses collègues de l'Environnement Carole Dieschbourg (Déi Gréng) ou de l'Aménagement du territoire Claude Turmes (Déi Gréng) avaient donc été ravis de souligner : «Au lieu d'importer du bois du monde entier, l'utilisation de bois provenant de forêts locales devrait redevenir une évidence. Nous devrions utiliser le potentiel de nos forêts pour construire une chaîne nationale de transformation du bois».


12.05.05 Foto fuer Terminseite, Haus, Holz, photo: Marc Wilwert
Les constructions en bois gagnent du terrain
Identifié comme un moyen d'accélérer la construction de nouveaux logements et de lutter contre le réchauffement climatique, le recours au bois se heurte toutefois à des difficultés au Luxembourg. Que ce soit la flambée des prix ou le flou réglementaire en vigueur.

Louable intention, pourtant l'antenne luxembourgeoise du label Forest Stewardship Council (FSC) émet quelques doutes : «L'idée est géniale mais ni l'origine du bois ni la chaîne de transformation ne sont contrôlées», explique ainsi Marc Parries, secrétaire du FSC Luxembourg. «Comment être sûr que le bois provient vraiment d'une culture durable et qu'un panneau en bois n'a pas été transformé à l'étranger après tout ?». D'où l'envoi d'une lettre ouverte aux ministres réclamant des contrôles sur l'octroi du label. Y compris auprès des entreprises qui ont souscrit à la charte de cette certification (comme Kronospan, Reka ou l'Imprimerie centrale).

Pour les responsables de la FSC, les politiques auraient créé quelque chose «qui n'a pas été pensé jusqu'au bout». Aussi, Marc Parries et Pit Mischo insistent-ils, notamment, pour que la totalité des communes du pays se fassent labelliser FSC ou PEFC (deux programmes reconnaissant la bonne pratique forestière). Pour l'heure, sur 102 communes, 26 manquent à l'appel. Principalement dans des zones boisées... C'est ainsi que six des onze communes du parc naturel de Mëllerdall n'ont pas cette reconnaissance. Tout comme trois des six communes du parc naturel de la Sûre ou encore six des huit communes du parc naturel de l'Our.

Par ailleurs, l'asbl s'agace en constatant que le pays continue à exporter énormément de sa ressource en bois. Pas de pins certes, mais du chêne et du hêtre oui («des bois précieux en somme«). 

Pour la FSC Luxembourg, mieux vaudrait garder les souches ici, et relancer toute une part de l'industrie de transformation du bois nationale qui a souffert de voir partir les troncs vers l'étranger. Mais voilà déjà des années que le «circuit court» a du plomb dans l'aile. «Les Chinois ont acheté du bois en Europe occidentale - probablement à perte au début - afin de détruire le marché et de développer ensuite les exportations. Tous les acteurs du secteur du bois le savaient et se sont prêtés au jeu», reprochent les membres de la FSC Luxembourg.

Freiner l'export

Ainsi, contrairement à la France notamment, le Grand-Duché n'a pas mis en place de taxe particulière pour tenter de freiner ces exportations de bois brut. Cela aurait pu sans doute freiner les transactions vers des acteurs autres que ceux établis au pays. Aussi, au-delà du nouveau label national (à améliorer), l'organisation invite le gouvernement à pousser pour que la filière bois dans son ensemble adhère «à des normes internationalement reconnues», et donc entre dans un système de contrôle existant. Ce n'est qu'alors que les consommateurs pourront acheter leur ''table d'ici'' en toute conscience. 

  • * FSC : Forest Stewardship Council 
  • * PEFC : Programme de reconnaissance des certifications forestières (Programme for the Endorsement of Forest Certification Schemes)

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