La difficile quête du salarié parfait
La difficile quête du salarié parfait
Avec une croissance de plus de 50% entre 2000 et 2019, le marché de l'emploi au Luxembourg reste bien plus dynamique que la moyenne européenne (+10%). Un chiffre spectaculaire qui trouve son origine dans le modèle de croissance du pays qui se doit de créer chaque année de nouveaux emplois pour maintenir son train de vie. Pourtant, le moteur économique de la Grande Région connaît quelques ratés en raison des inadéquations entre les offres proposées par ses entreprises et les demandes. Que ces dernières émanent de sa population résidente ou des frontaliers.
« En moyenne, ces dernières années, pour 30% des postes déclarés auprès de l'Adem, aucun candidat n’a pu être proposé », indique Pierre Gramme du service études et statistiques au sein de l'Agence pour le développement de l'emploi. Un chiffre relativement stable au cours des dernières années qui trouve son origine aussi bien dans les difficultés à pourvoir certains profils que dans des problèmes quantitatifs et/ou qualitatifs des candidats.
En clair, dans l'absence d'un nombre suffisant de postulants ou l'inadéquation entre les compétences proposées et les exigences des postes à pourvoir. Sans oublier les écarts potentiels en matière de conditions de travail ou de connaissances linguistiques. Autant de critères qui peuvent donc énormément faire varier le taux de non-affectation des postes vacants, d'une branche à l'autre. D'un métier à un autre.
L'une des illustrations les plus évidentes de ce phénomène se trouve dans le domaine ICT où les entreprises peinent à trouver suffisamment de candidats pour répondre à leurs besoins, digitalisation oblige. Quel que soit le métier. Une tendance observée de manière continue entre 2017 et 2019, mais remise en cause par la pandémie en 2020 puisque certains secteurs et certains métiers se sont eux aussi retrouvés en pleine pénurie.
«C'est notamment le cas dans le secteur de l'Horeca où le nombre de postes recherchés est tombé à un niveau inédit», constate Pierre Gramme qui précise qu'«entre les mois d'avril et mai, le nombre de demandes était proche de 100, avant une reprise en juin et juillet avec des niveaux habituels en termes de demandes, bien que dans des volumes moindres». Si les années précédentes, l'ADEM gérait quelque 40.000 annonces de postes vacants chaque année, 2020 devrait marquer un recul avec quelque 35.000 demandes émanant des entreprises du pays.
Un phénomène qui ne devrait être que temporaire, puisque le Luxembourg apparaît comme l'un des pays qui résiste le mieux à la pandémie et à ses conséquences, selon l'agence de notation Creditreform Rating AG. Et ce, en raison d'«un système de santé de haute qualité, un marché du travail favorable avec peu d'emplois précaires et peu de travailleurs indépendants, ainsi qu'une capacité élevée de travail à distance».
Reste que si «le Luxembourg sortira de cette crise plus fort qu'auparavant» selon les voeux de Franz Fayot (LSAP), ministre de l'Economie, le pays devra lui aussi s'adapter aux défis à venir, notamment liés à la digitalisation. Un processus qui pourrait amener à une perte de 10% des emplois. Et donc accentuer, pour un temps du moins, les inadéquations du marché du travail au Grand-Duché...
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