La croissance chinoise au plus bas
La croissance chinoise au plus bas
(AFP) - Au plus fort des tensions commerciales avec Washington, la croissance chinoise s'est essoufflée sur un an au second trimestre (+6,2%), signant sa plus faible performance depuis au moins 27 ans. C'est la plus faible hausse du PIB depuis le début de la publication des données trimestrielles en 1992, selon l'agence Bloomberg.
La croissance reste toutefois dans la fourchette de croissance visée par Pékin cette année: entre 6 et 6,5% (contre 6,6% en 2018). «L'environnement économique est toujours compliqué, tant en Chine qu'à l'étranger, la croissance économique mondiale ralentit et les instabilités et incertitudes externes augmentent», a reconnu le porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS), Mao Shengyong.
L'effet Trump
Le président américain Donald Trump, qui ne cesse de dénoncer l'excédent commercial de la Chine vis-à-vis de son pays, a imposé l'an dernier des droits de douane punitifs sur de nombreux produits chinois. Washington a décidé en mai de porter ces surtaxes douanières de 10 à 25% sur 200 milliards de biens chinois exportés annuellement vers les Etats-Unis.
Mais Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping ont décrété fin juin une trêve dans leur guerre commerciale après une rencontre à Osaka (Japon) lors du sommet du G20.
Plus de prêts aux PME
«La guerre commerciale a d'énormes répercussions sur l'économie chinoise», estime Edward Moya, analyste du courtier Oanda. «Et comme les négociations peinent à réaliser des progrès significatifs, nous sommes certainement encore loin du creux de la vague pour l'économie chinoise», selon lui.
Pour soutenir l'économie réelle, le gouvernement chinois s'est engagé en mars à baisser de près de 2.000 milliards de yuans (265 milliards d'euros) la pression fiscale et sociale sur les entreprises. Pékin joue également les équilibristes, en essayant de soutenir les entreprises ayant besoin de crédit, mais sans trop gonfler leur endettement.
Les banques chinoises ont ainsi été encouragées à gonfler leurs prêts aux PME, jusque-là délaissées au profit des grands groupes publics, souvent peu rentables. Il s'agit d'un impératif également pour stabiliser le taux de chômage urbain, facteur crucial pour assurer la paix sociale. Il a légèrement augmenté entre mai et juin, passant de 5% à 5,1%, selon les chiffres officiels.
Des ventes solides
La semaine passée, le Premier ministre chinois Li Keqiang a appelé à renforcer le soutien aux entreprises tournées vers l'international et promis des allègements fiscaux, au moment où Pékin peine avec ses exportations. Le mois dernier, les ventes de la Chine à l'étranger ont reculé de 1,3% sur un an, après un rebond de 1,1% en mai.
Les exportations, fortement pénalisées par la guerre commerciale, sont un des piliers de l'économie du géant asiatique. C'est la raison pour laquelle la Chine poursuit le rééquilibrage de son économie, en mettant davantage l'accent sur la consommation intérieure.
Les ventes de détail sont justement restées solides en juin à +9,8% sur un an (contre 8,6% en mai), a annoncé le BNS. La production industrielle, quant à elle, a enregistré une croissance plus forte, progressant de 6,3% en juin sur un an - soit +1,3 point par rapport au mois précédent. Ces chiffres encourageants suggèrent que «la croissance est en train de se stabiliser» en Chine, estime Raymond Yeung.
