La crise plane au-dessus du Findel
La crise plane au-dessus du Findel
(DH) - Les dispositions drastiques pour endiguer la propagation du covid-19 touchent de plein fouet le pays. Depuis lundi, la fermeture presque totale de l'aéroport du Findel, qui représente à lui seul pas moins de 5% du PIB national, marque une étape symbolique dans les mesures de crise annoncées. Ainsi, la grande majorité des vols commerciaux ne va ni décoller ni atterrir au Luxembourg. Aussi bien les avions Luxair que la majorité des 15 autres compagnies opérant depuis le Findel sont concernées par cette fermeture alors que le contexte de ce début d'année leur était favorable. Ce mardi matin pourtant, Ryanair a assuré sa liaison avec Budapest et vol vers Porto est programmé.
En 2019, l'aéroport national avait en effet franchi un nouveau palier de fréquentation et l'optimisme était de mise à la faveur d'un catalogue de destinations porté à 89 villes à travers le monde. En effet, après avoir atteint la barre des quatre millions de passagers en 2018, l'année dernière a permis au Findel d'atteindre un nouveau pic de fréquentation avec 4,4 millions de passagers. Et le dernier salon Vakanz, fin janvier, laissait augurer de belles perspectives, pour Luxair, notamment, qui avait transporté plus de deux millions de passagers l'an passé, et plus de 700.000 personnes via LuxairTours.
Du côté de LuxairTours d'ailleurs, les annulations sont désormais prévues au moins jusqu'au 30 avril. «C'est d'autant plus triste que nous avons connu cette année le meilleur démarrage de l'histoire de l'entreprise avec LuxairTours», avait annoncé dernièrement Adrien Ney, le PDG de Luxair.
A ce jour, et «à moins d'organiser des vols spéciaux à la demande du gouvernement», toute la flotte présente au Findel restera clouée au sol. Ce qui n'empêche pas le survol du pays, ni d'autres aéroports comme ceux de Francfort ou Bruxelles de demeurer actifs en termes de vols de passagers.
En ce qui concerne, l'activité fret, cette dernière n'est pas impactée par les mesures gouvernementales. Par contre, un manque de personnel pourrait réduire ses capacités. En l'espèce, le cargo demeure opérationnel pour assurer les approvisionnements des secteurs d'activité essentiels. Ce fut tout récemment le cas du pont aérien assuré par Cargolux pour acheminer du matériel de l'OTAN en provenance du sud de l'Italie. La compagnie cargo a d'autre part été mandatée pour prochainement rapatrier du matériel médical en provenance de Chine.
Mais si une certaine quantité de fret aérien n'est plus transportée dans des avions de passagers, comme c'est habituellement le cas, le défaut de main-d'œuvre se fait aussi cruellement sentir. Selon le PDG de Luxair, ce sont aujourd'hui 35% de personnels, sur environ 1.600 employés, en moins «en raison des demandes de congé pour raisons familiales, de la maladie, ou bien des travailleurs à temps partiel qui ne peuvent pas venir». Dans ce contexte, la priorité est bien entendu accordée aux produits pharmaceutiques et aux denrées alimentaires.
«L'aviation va changer radicalement»
A l'image du Findel, qui cesse le transport de passagers pour une durée indéterminée (au moins jusqu'au 19 avril pour ce qui est de Luxair), les compagnies aériennes voient de nombreux aéroports des environs fermer leurs pistes. Dans la Grande Région, c'est déjà le cas de Lorraine Airport qui a décidé d'interrompre ses vols commerciaux pour une durée indéterminée. La mesure est appliquée depuis vendredi après-midi. L'aéroport reste néanmoins ouvert pour accueillir les vols sanitaires et militaires.
Du côté de la Belgique, l'aéroport de Charleroi interdira l'accès de ses infrastructures aux passagers et aux compagnies aériennes à partir de mardi, à 23h59, et ce, dans un premier temps, jusqu'au dimanche 5 avril. En ce qui concerne, l'aéroport de Francfort-Hahn, de nombreux vols sont annulés, mais la tour de contrôle autorise encore arrivées et départs.
Cette situation inédite à travers le monde ne va pas manquer de lourdement impacter les acteurs de l'aviation qui, via l'Association internationale du transport aérien (Iata), ont d'ores et déjà tiré la sonnette d'alarme et demandé une aide d'urgence de 185 milliards d'euros.
«La crise que traverse le secteur est bien plus grave et plus étendue qu'après les attentats du 11-septembre, l’épidémie de SRAS (en 2002-2003) ou la crise financière mondiale de 2008», prévient l'Iata qui regroupe 290 compagnies et 82% du trafic mondial. «L'aviation va changer radicalement. Après la crise de 2001, les plus faibles ont disparu. Je pense que cette fois-ci, de nombreuses grandes entreprises bien gérées ne survivront pas sans aide de l'Etat», affirme le PDG de Luxair.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
