La crise incite les ménages à épargner
La crise incite les ménages à épargner
(pj avec Nadia di Pillo) Avec une partie de l'activité à l'arrêt depuis le début de l'épidémie covid, les Européens ont moins dépensé cette année. Et de fait, ils se sont constitué des réserves plus importantes. Ainsi, selon un rapport de la Banque centrale européenne, l'épargne des ménages européens s'élèverait au montant record de 7.300 milliards d'euros. Dans la zone euro, au plus fort de la crise, cette épargne a même augmenté de plus de 130% entre mars et avril. Le Luxembourg ne fait pas exception, et les dépôts des ménages sont passés de 41,8 à 43,5 milliards d'euros, entre mars et septembre.
Patrice Lazerges, directeur de l'agence ING Grand-Rue à Luxembourg, évoque «la peur» comme raison des nouveaux efforts d'épargne. Interrogé par nos confrères du Luxemburger Wort, il précise que «dans la crise covid, une incertitude est apparue et en période de doutes, les épargnants privés se retiennent de dépenser.» Ceux qui ne savent pas s'ils vont perdre leur emploi ou s'ils vont gagner moins, par exemple en raison du chômage partiel, diffèrent pour l'instant les achats plus importants.
Mais cet effet ne peut à lui seul expliquer la tendance à l'épargne de précaution. Patrice Lazerges affirme qu'en plus de l'anxiété, le coup de frein donné à l'activité nationale (comme la fermeture des restaurants jusqu'à mi-décembre) est également responsable de ce syndrome de l'écureuil. Cela a conduit à une forme «d'économie forcée». «Les gens sont moins sortis, pouvaient moins acheter, ont moins fréquenté les lieux culturels, ont révisé leur mode de vacances...»
Depuis le début 2020, certaines habitudes ont toutefois été conservées. Ainsi, une grande partie de l'argent a continué à rejoindre des comptes d'épargne classiques. Cela malgré des taux d'intérêt très bas. Avec une inflation annuelle positive, qui au Luxembourg approche les 0,7 %, l'avantage financier du compte d'épargne diminue. Mais, par prudence, les ménages préfèrent encore mettre de côté.
Sauf que le marché a changé et qu'aujourd'hui le consommateur doit s'habituer à voir de plus en plus de banques pratiquer des intérêts négatifs sur les comptes d'épargne. Selon le portail allemand Biallo, 214 banques en Allemagne pratiqueraient cette rémunération; elles n'étaient qu'une trentaine fin juillet 2019... Depuis le début de l'année 2020, 150 établissements financiers ont introduit ces taux négatifs. En Belgique, ING a annoncé qu'elle suivrait bientôt le mouvement.
Côté ING Luxembourg, la pratique du taux négatif n'a pas encore été adoptée. «Nous avons déjà commencé à appliquer des taux d'intérêt négatifs mais seulement pour certains dépôts de ''clients entreprises'' mais, dès le 1er janvier 2021, cela devrait aussi être le cas pour des 'clients particuliers'.» Mais, tempère Patrice Lazerges, «cette mesure ne concernera que les clients fortunés qui souhaitent investir des montants à sept chiffres».
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