L'intérim fait les frais de la crise
L'intérim fait les frais de la crise
Depuis au moins cinq ans, la part de l'emploi intérim au Luxembourg ne varie guère. Se situant autour des 2% de l'emploi salarié total. Mais ça, c'était avant le covid-19. Entre lockdown et reprise économique difficile, les emplois précaires ont été les premiers à être exclus du marché du travail. Le ministre du Travail Dan Kersch (LSAP) a publié, lundi, des chiffres montrant combien la première vague socioéconomique a été fatale pour nombre de postes temporaires.
Ainsi, alors qu'il concernait 9.708 salariés en mars 2019, le travail intérimaire n'a plus bénéficié qu'à 3.311 hommes et femmes en mars 2020. Soit -65% d'une année à l'autre. A comparer les chiffres d'avril 2019-2020, la diminution approche les 54%. Le choc est donc rude, même si le Grand-Duché peut se targuer d'avoir -depuis trois mois-jugulé une montée du chômage. Mais nul doute que parmi les 19.702 demandeurs d'emploi que compte aujourd'hui l'ADEM, nombreux sont ceux qui, auparavant, échappaient aux statistiques de l'Agence en passant d'une mission à une autre.
A regarder les secteurs d'activité habitués à recruter ce type de main-d'oeuvre, la cause de la chute est évidente. «Le travail intérimaire est très concentré au niveau sectoriel, analyse le ministre socialiste. Avec notamment le secteur de la construction employant 40% des intérimaires, les industries manufacturières (16%) et le commerce.»
Arrêt des chantiers pour les uns ; confinement et baisse de production pour les autres et fermeture des boutiques pour les derniers constituent autant de raisons pour voir cette part de la population active directement impactée. Les employeurs préférant déjà maintenir leurs CDI en poste, quitte à redistribuer les tâches, plutôt que d'avoir recours à de la main-d'oeuvre intérim. Et pas certain que les mois à venir ne se poursuivent pas sur cette tendance. Si 14.722 entreprises sont actuellement sous le régime du chômage partiel, leur (éventuelle) remontée en puissance se fera d'abord en misant sur leurs effectifs propres.
Si la situation est délicate actuellement pour les intérimaires, l'absence de contrats pénalise aussi leur avenir. Ainsi, note Dan Kersch, «9,5% des individus ayant connu un épisode de travail intérimaire sont recrutés -en CCD ou CDI- au sein de l'entreprise dans laquelle a eu lieu cette mission». Faute d'avoir pu mettre le pied dans la porte, impossible de se faire remarquer positivement par un possible employeur.
Répondant à une question parlementaire des députés CSV, Félix Eischen et Marc Spautz, le ministre du Travail avance quelques pistes pour une évolution du travail intérim «sous peu». Pistes de travail dont Dan Kersch assure qu'elles vont être «examinées en interne». A commencer par la possibilité à l'avenir de disposer de «contrat de travail intérimaire à durée indéterminée». De plus, le vice-président socialiste ne ferme pas non plus la porte à l'introduction, pour les entreprises de travail intérimaire, d'avoir la possibilité de conclure des CDD avec des salariés intérimaires.
Dans tous les cas, le ministre consultera les partenaires sociaux, dit-il, avant toute avancée ou recul sur ces questions.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
