L'Inspection du Travail toujours plus sévère
L'Inspection du Travail toujours plus sévère
Longtemps moquée pour son invisibilité, l'Inspection du travail et des mines se fait de plus en plus remarquer. Et ça paye. Aussi bien pour la sécurité des salariés que la bonne santé des entreprises, insiste Marco Boly, directeur du service. Il serait aussi tentant d'ajouter que la mission est positive pour les caisses de l'Etat. En effet, rien qu'en 2019, l'action des inspecteurs s'est soldée par plus de 5,3 millions d'euros d'amendes dressées. Une somme rondelette dont la grande partie recouvrée a fini dans la cagnotte gouvernementale.
Mais à l'heure de présenter son rapport d'activité 2019, Marco Boly a mis d'autres chiffres en avant. A commencer par la croissance des inspecteurs du travail disponibles désormais. «Quand je suis arrivé à l'Inspection, nous n'étions pas dix. Là, en un an, nous sommes passés de 22 à 29 et j'ai toujours comme objectif d'arriver à 50. A ce moment-là, nous serions à un ratio d'un inspecteur pour 8-10.000 salariés, ce qui serait une très honorable moyenne.» Finie l'invisibilité...
D'autant que l'efficacité des nouvelles recrues ne peut être mise en doute. En douze mois, pas moins de 96.108 dossiers auront été traités pour 5.682 descentes sur le terrain. Soit près de 2.000 contrôles en plus sur un an pour les usines, bureaux, chaînes de fabrications, ateliers, commerces, restaurants et autres chantiers de construction du pays.
Le ministre du Travail, Dan Kersch (LSAP) n'est pas le dernier à se féliciter de cette montée en puissance. Et de souligner au passage que l'on aurait tort de résumer l'action de l'ITM aux seules sanctions, «elle joue aussi un rôle énorme de conseil sur l'ensemble des risques. Une prévention toujours nécessaire car les accidents du travail et atteintes à la santé ont un coût pour l'ensemble de la société». De l'ordre de 600 millions d'euros, estime l'Inspection.
Si en 2019 il n'était pas encore question du covid-19, l'Inspection a pu apporter des recommandations aussi bien pour l'organisation des élections sociales, qu'en matière de sécurisation des postes de travail, respect des conventions collectives, gestes et postures, mais aussi sur ce que Marco Boly appelle «les risques nouveaux». On parle là, par exemple, de «l'accroissement de la complexité des tâches, de la pression et de l'intensification des rythmes de travail».
Et si l'Inspection s'autosaisit de certaines situations, elle reste au service de chacun, employeurs comme salariés. C'est ainsi qu'elle a enregistré 260.580 demandes l'an passé, contre 140.000 en 2018.
Le détachement sous surveillance
Autre signe des temps, l'augmentation des missions menées auprès de travailleurs détachés au Luxembourg. Près de 4.497 sociétés étrangères ont envoyé certains de leurs salariés en mission au Grand-Duché (140.561 au total), ces derniers méritaient la même vigilance du respect des consignes de travail. Et les 3.540 contrôles en la matière ont -malheureusement- pointé de nombreuses négligences, et entraîné pour près de 3 millions d'euros d'amende.
«Faire respecter les lois, c'est lutter contre le dumping social quand ce n'est pas empêcher la mise en place de réseaux de traite d'êtres humains», rappelle au passage le directeur de l'Inspection du travail. De l'utilité donc d'avoir ouvert, depuis un an maintenant, le service Détachement qui a veillé bien au-delà des 52.840 déclarations de détachement officiellement reçues.
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