L'inflation et la guerre mettent à mal les entreprises
L'inflation et la guerre mettent à mal les entreprises
(MKa avec Marco Meng) - Depuis le vendredi 1er avril, c'est officiel: en raison de l'inflation élevée, la tranche d'indexation d'avril est due. Si l'inflation continue à augmenter et déclenche une autre tranche indiciaire en août, son paiement sera reporté à avril 2023. Une tranche indiciaire supplémentaire en 2023 serait également reportée de douze mois. Tel est le résultat de la dernière tripartite, qui a été avancée à la demande des employeurs. Le patronat est satisfait de ce compromis.
Romain Schmit, secrétaire général de la Fédération des Artisans (FDA), est lui aussi soulagé que les entreprises ne doivent plus supporter une deuxième augmentation de l'index cette année. «Nous avons maintenant deux années difficiles derrière nous». Et bien qu'il y ait désormais un allègement en ce qui concerne la pandémie et les restrictions visant à l'endiguer, d'un autre côté, les problèmes persistants de la chaîne d'approvisionnement s'aggravent en raison de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix, notamment de l'énergie. Car si les prix du diesel augmentent, c'est l'ensemble du transport de marchandises qui devient plus cher.
Inflation et pénurie de matériaux
«Nous avons un énorme problème d'inflation, et il est donc très difficile pour les entreprises artisanales de pouvoir faire des offres avec une longue durée de vie pour le moment», explique Romain Schmit. Les entretiens avec le ministre François Bausch (Déi Gréng), qui, outre la mobilité, est également responsable des travaux publics, ont toutefois été bons, assure le secrétaire général. Trois augmentations de l'index en peu de temps auraient porté un coup dur à de nombreuses entreprises artisanales, pour la plupart des petites et moyennes entreprises. «Nous pouvons vivre avec l'accord obtenu», estime Romain Schmit.
Selon lui, les difficultés accrues de livraison de nombreux produits sont au moins aussi graves que la hausse des prix de l'énergie. «Entre-temps, non seulement le bois, mais aussi les vis ont des délais de livraison plus longs». L'«état d'urgence» qui dure depuis 2020 en raison de la pandémie et des lockdowns a affaibli de nombreuses entreprises. La hausse des prix de l'énergie et le coût élevé des salaires leur donnent désormais du fil à retordre. En amont de la réunion tripartite, les entreprises avaient donc mis en garde contre d'éventuels licenciements et faillites.
Le fabricant de fours Hein à Strassen, une entreprise familiale, indique que 99% de son chiffre d'affaires provient de l'exportation vers l'étranger, qui a particulièrement souffert ces deux dernières années des restrictions de livraison internationales dues au covid-19 et de la pénurie de matériaux qui en a résulté.
«Depuis plusieurs mois, s'ajoutent à cela l'explosion des coûts des matériaux, le prix de l'énergie ainsi que la peur de la guerre et donc la réticence des clients», explique Pierre Thein, directeur du groupe Hein. De nouvelles hausses d'indice ont rendu d'autant plus difficile le fait de faire face à la concurrence sur les marchés d'exportation.
Trois tranches d'indexation en dix mois auraient constitué une «charge insupportable» pour l'entreprise. Pour la plupart des sociétés luxembourgeoises, le problème avec l'index est que leurs activités se déroulent principalement au-delà des frontières nationales: «Nous ne pouvons et ne devons pas simplement ajouter ces coûts supplémentaires à nos prix de vente ici», alerte Pierre Thein. La concurrence internationale ne le permettrait pas. «Nous serions ainsi évincés du marché».
La pandémie a affaibli l'entreprise
Après deux ans de crise du covid, les caisses des entreprises sont vides, les réserves n'existent presque plus ou sont totalement épuisées. Il n'y a donc plus de possibilité d'amortir ainsi, dans un premier temps, une partie des coûts supplémentaires engendrés par une augmentation de l'indice. «Nous comprenons bien sûr que les travailleurs sont eux aussi fortement touchés par ces augmentations de prix et ces incertitudes, et que leur pouvoir d'achat diminue. Malheureusement, il n'est pas possible de remédier à ce problème uniquement par le biais de tranches d'indexation», déplore le directeur du groupe Hein.
Dans une situation exceptionnelle comme celle que nous connaissons actuellement, il est donc important que le gouvernement prenne de nouvelles mesures pour soutenir le pouvoir d'achat des gens sans pour autant affaiblir la compétitivité des entreprises. «Les aides aux entreprises décidées ici lors de la tripartite sont un signal positif», estime Pierre Thein. Des mesures supplémentaires devraient toutefois suivre.
Selon Tom Baumert, directeur de la fédération CLC pour le commerce et le transport, les prix élevés de l'énergie pèsent sur les entreprises, c'est pourquoi il salue lui aussi le compromis sur l'index.
De plus, il ne sera pas plus facile pour de nombreuses entreprises de trouver du personnel. Car la hausse des prix de l'énergie cache un autre problème qui touche surtout la restauration, l'industrie et le commerce: la hausse des prix de l'essence rend peu rentable le fait de travailler au Luxembourg pour des employés qui gagnent à peine le salaire minimum.
Petits revenus et frais de déplacement élevés
La différence de revenu net entre un emploi au Luxembourg et un emploi à proximité du domicile se réduit. Le gouvernement l'a manifestement constaté et a donc réduit les taxes sur le diesel et l'essence de 7,5 centimes d'euro par litre, mais de manière temporaire jusqu'au 31 juillet. Tom Baumert se réjouit en outre que des crédits d'impôt allant jusqu'à 84 euros soient versés pour les petits salaires en compensation de la tranche d'indexation décalée.
Si, ces derniers mois, ce sont surtout les prix de l'énergie qui ont poussé l'inflation, les prix des carburants se répercutent peu à peu sur les prix de tous les produits et services. Et cela ne semble pas encore fini. Un embargo sur le pétrole et le gaz de la part de la Russie, qui semble de plus en plus probable, ne fera qu'alimenter la hausse des prix.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
