L'inflation continue de battre tous les records en Europe
L'inflation continue de battre tous les records en Europe
(BaL avec Florian JAVEL et AFP) La guerre en Ukraine n'a pas fini de faire des ravages sur les prix de l'énergie et de l'alimentation. C'est en tout cas ce qui ressort des chiffres publiés par les différents instituts de statistiques en cette fin du mois de mai. Le taux d'inflation atteint de nouveaux sommets, que ce soit dans la zone euro, mais aussi en Allemagne, en France ou en Belgique. De quoi inquiéter ménages et économistes.
Un nouveau record a donc été enregistré dans la zone euro en mai. L'inflation se chiffre à 8,1% sur un an, alors qu'elle avait atteint 7,4% en avril pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique. Eurostat, l'office européen des statistiques, souligne qu'il s'agit du taux le plus élevé ayant été observé depuis le début de la publication de cet indicateur, en janvier 1997.
Cette accélération de l'inflation a également été enregistrée en France, au cours du mois de mai. Elle se chiffre désormais à 5,2% sur un an, alors qu'elle n'avait pas dépassé la barre des 5% depuis septembre 1985, selon les premières estimations de l'Insee, l'institut national de la statistique, publiées ce mardi. Tous les prix à la consommation sont en hausse au mois de mai, en particulier ceux du secteur de l'énergie.
Un record vieux de 70 ans atteint en Allemagne
Dans le détail, les prix de l'énergie flambent de 28% sur un an, tandis que ceux de l'alimentation progressent de 4,2% dans l'Hexagone. Ceux des services, affichent une augmentation de 3,2%. L'Insee publiera ses statistiques définitives à la mi-juin.
Mais la France reste peut-être la moins à plaindre de ses voisins européens. Si l'on jette un coup d'œil aux chiffres allemands de l'inflation, on observe, là aussi, un record. Selon les prédictions publiées ce lundi, le taux d'inflation se situe à 7,9% sur un an en mai, se hissant ainsi à son plus haut niveau depuis la réunification du pays en 1990. Il faut donc remonter au mois de janvier 1952 pour trouver un chiffre aussi élevé en Allemagne de l'Ouest.
L'indice des prix harmonisé allemand, qui sert de référence au niveau européen, a progressé de 8,7% sur un an. Il pulvérise ainsi l'objectif de 2% à moyen terme fixé par la banque centrale européenne.
La Belgique observe, elle aussi, une flambée de son taux d'inflation, qui a grimpé en mai de 8,31 à 8,97%. Il atteint ainsi son plus haut niveau depuis le mois d'août 1982, lors duquel elle s'élevait à 9,02%, a souligné Statbel, l'office national de statistiques, lundi. Pour sa part, l'indice des prix à la consommation a progressé de 0,92 point, soit de 0,77%.
Le Luxembourg n'est pas en reste
L'Espagne a également vu son taux d'inflation remonter à 8,7% sur un an en mai. Une hausse qui survient alors qu'une légère décrue avait été observée en avril (8,3%), laissant espérer un début de modération après un pic à 9,8% atteint en mars, soit le niveau le plus élevé en Espagne depuis 37 ans.
Au Luxembourg en revanche, les statistiques concernant le mois de mai n'ont pas encore été publiées. Les chiffres publiés par le Statec pour le mois d'avril correspondaient pour leur part à cette tendance haussière. L'indice des prix à la consommation affichait une progression mensuelle de 0,8%, principalement due à la hausse des prix de certains services, en partie déclenchée par l'indexation des salaires début avril et par l'envolée des prix des produits pétroliers. Le taux annuel d'inflation s'établissait pour sa part à 7% pour le mois d'avril, contre 6,1% le mois précédent. Le taux annuel d'inflation sous-jacent se fixe quant à lui à 4,2%. Les chiffres consolidés pour le mois de mai devraient être connus en fin de semaine.
Des statistiques qui sont suivies de près par la commission des finances de la Chambre, informée chaque mois par le Statec. Pour 2022, le scénario central correspond à une inflation globale de 5,8%, avec un chiffre actuel de 7% pour le mois de mai. «Sur la base des dernières prévisions d’inflation, il n’y a pas de soulagement en vue. L’inflation crée un environnement économique complètement différent et imprévisible», a affirmé André Bauler (DP), interrogé par le Luxemburger Wort.
Tant que l'incertitude de la guerre demeure, nous ne pouvons pas fonder notre processus de prise de décision sur de simples hypothèses.
André Bauler, deputé DP
À ce taux d'inflation inquiétant, s'ajoute donc un déclin de la croissance économique, qui alimente lui aussi les craintes. Alors que les prévisions du Statec prévoyaient une croissance de 3,5% il y a encore quelques mois, elles ont été revues à la baisse pour s'établir à 2,5% pour cette année. «Nous n’avons pas directement affaire à une grave récession ici, mais avec le taux d’inflation actuel, les acteurs économiques sont devenus beaucoup plus prudents», commente André Bauler.
Et il ne faut pas s'attendre à une amélioration de la situation avant au moins 2023, selon l'institut luxembourgeois de statistique. Le ralentissement de l'inflation dépendra, entre autres, de l'embargo pétrolier, la flambée des prix de l'énergie pesant actuellement très lourd dans la balance. «Tant que l'incertitude de la guerre demeure, nous ne pouvons pas fonder notre processus de prise de décision sur de simples hypothèses», souligne André Bauler.
Le parlementaire, à l'image de ses collègues, entrevoit cependant une bonne nouvelle dans des statistiques en provenance d'Allemagne. En effet, selon l'institut de recherches économiques de Munich, les premiers signes d'un ralentissement de l'inflation ont été observés en Allemagne. En mai, pour la première fois depuis des mois, la proportion d'entreprises souhaitant augmenter leurs prix au cours des trois prochains mois a chuté. Au second semestre, l’inflation en Allemagne pourrait ainsi passer de 7 à 6%.
«De plus en plus d’entreprises veulent répercuter les hausses de prix sur leurs consommateurs. Étant donné que l’économie prospère toujours grâce à la concurrence, personne ne peut confirmer si cela se poursuivra ou s’appliquera au Luxembourg», note encore de son côté André Bauler.
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