L'industrie manque toujours de bras
L'industrie manque toujours de bras
(ndp).- Contrairement à une idée reçue, les prévisions d'embauche sont en hausse dans ce secteur: sur les deux années qui viennent, la Fedil estime à 910 les intentions de recrutement des entreprises industrielles. Un besoin de main-d'oeuvre nécessaire au remplacement des départs (379 emplois), mais pas seulement. Car la transformation que connaît aujourd'hui le secteur industriel requiert de nouvelles qualifications et appelle de nouveaux métiers dans la digitalisation ou les nouveaux matériaux, par exemple. Ainsi, 531 embauches sont prévues pour occuper des postes «nouvellement créés».
Réalisée par la Fedil auprès de 94 entreprises, cette nouvelle enquête sur les «qualifications de demain dans l'industrie» incite à l'optimisme, car le pourcentage de créations de postes (58,4 %) s'avère nettement plus important qu'en 2013 (38 %) et 2011 (41,2 %), a indiqué Marc Kieffer, conseiller auprès de la Fedil. L'étude permet surtout de comprendre vers quels profils se dirigeront demain les entreprises. Les métiers classiques de la production et les qualifications techniques garantissent la majeure partie des débouchés, soit 84,95 %.
Formation duale
Autre signal à prendre en compte: les entreprises accordent une importance accrue aux formations dites «duales», combinant formation en école et en entreprise. Ainsi, les niveaux de formation les plus demandés dans le domaine de la production sont le DAP (79,5 %) et le BTS (5,4 %), tandis que les métiers techniques exigent en général un niveau de formation type DAP (25,7 %) ou master/doctorat (35,7 %).
Autre secteur demandeur, celui de l'administration, de la gestion et du commerce. Dans ce domaine, les principales exigences se situent autour des niveaux d'études BTS (27 %), Bachelor (13,9 %) ou master/doctorat (23,4 %).
Contrairement aux clichés, l'industrie n'irait pas aussi mal qu'on pourrait le craindre. Ainsi, les statistiques de l'Adem sont formelles: 4.797 recrutements ont été réalisés dans le secteur entre septembre 2013 et sept. 2014. Dans la construction, ce sont 9.676 contrats de travail qui ont été conclus. Preuve que «l'industrie continue de jouer un rôle majeur sur le marché de l'emploi», a souligné le ministre du Travail Nicolas Schmit.
Des freins à lever
Mais l'on sait aussi qu'un certain nombre de recrutements ne sont pas réalisés, faute de candidats disponibles. Pour tenter de remédier à cette situation, les autorités entendent jouer sur plusieurs fronts. La formation professionnelle d'abord. Le ministre de l'Education nationale Claude Meisch a évoqué des «améliorations à apporter» à ce système, notamment au niveau des compétences linguistiques requises. D'autres mesures visent à augmenter l'efficacité de l'orientation. Celle-ci fait actuellement l'objet d'un projet de loi. L'idée étant, entre autres, de donner une plus grande cohérence et efficacité à la Maison de l'orientation, guichet unique rassemblant les principaux services en charge de l'orientation scolaire et professionnelle.
La création d'un régime de stages peut être une autre voie pour permettre aux entreprises industrielles d'accueillir des jeunes ou des demandeurs d'emploi.
Pour susciter les vocations, le Haut comité pour le soutien, le développement et la promotion de l'industrie étudie également l'opportunité de lancer une campagne nationale de promotion du secteur, ainsi que la mise en ligne d'une plate-forme visant à promouvoir les métiers techniques.
Il s'agit, pour les industriels, de combattre les idées reçues en insistant sur le caractère innovant de leur secteur. «Beaucoup de métiers n'ont plus rien à voir avec ceux d'il y a vingt ans. Il faut aujourd'hui des compétences nouvelles pour répondre aux mutations technologiques du secteur», a rappelé Nicolas Soisson, directeur de la Fedil. Ainsi, p.ex, les grandes entreprises doivent composer avec une révolution industrielle majeure qui touche tous les secteurs: la digitalisation. Selon une étude, cette évolution touchera près de 80% des emplois à pourvoir dans le secteur industriel d'ici 2020.
