L'incertitude économique reste encore de mise
L'incertitude économique reste encore de mise
Si l'horizon économique du Luxembourg, d'ici à 2024, apparaissait déjà comme assombri, la pandémie de covid-19 constitue un élément perturbateur supplémentaire. Et à l'impact encore incertain, estime mardi la Fondation Idea dans sa première analyse macro-économique. Car si un bouclier de 8,8 milliards d'euros a bien été dévoilé fin mars par le gouvernement, l'efficacité des protections offertes reste à ce jour inconnue, puisque non mesurable en raison d'«une situation des plus volatiles».
Se gardant bien de se prononcer sur l'ampleur de la réponse apportée par l'exécutif, le think tank de la Chambre de commerce note que le plan luxembourgeois présente quelques particularités en comparaison de ses principaux voisins. S'il représente l'équivalent de 14% du PIB - contre 17% pour la France et 48% pour l'Allemagne -, le programme destiné à empêcher les faillites d'entreprises, limiter la hausse du chômage et garantir le niveau de vie des ménages se distingue par sa structure.
Si Berlin et Paris ont largement mis l'accent sur les garanties de prêt qui représentent près des trois quarts de leur plan de soutien, Luxembourg a choisi de porter son effort sur les avances de liquidités. 55% de la somme globale mise à ce jour sur la table se trouve dédiée à des offres d'avances remboursables et des reports d'impôts, de taxes et de cotisations. Soit 4,8 milliards d'euros d'aides. Contre 28% pour les garanties pour prêts bancaires (2,5 milliards) et 17% (1,5 milliard) pour les aides directes aux entreprises et aux salariés - indemnités d'urgence, chômage partiel, congés pour raisons familiales, etc. -. Des aides directes non remboursables et donc une perte sèche pour les comptes de l'Etat.
Analysé par Sarah Mellouet et Michel-Edouard Ruben comme «une marque de confiance dans les acteurs du système bancaire», ce choix politique vise avant tout à apporter un soutien aux entreprises et non aux banques. Quant au coût global de cette crise, les hypothèses présentées mardi tablent sur une croissance de -4,2% en 2020 et de 4,8% pour 2021. Contre une croissance attendue, sans cette crise, de 2,8% pour les deux années, selon les dernières prévisions du Statec. «Une fois n'est pas coutume, il faut bien prendre en compte 2020 et 2021 pour saisir l'impact de cette crise», estime Muriel Bouchet qui annonce que la croissance cumulée du PIB pourrait atteindre 0,6%, contre 5,6% sans les conséquences du covid-19.
Et l'économiste de proposer une politique de relance qui aurait comme «colonne vertébrale» les investissements publics pour un montant «de l'ordre de 700 millions d'euros en 2021». Des investissements que la Fondation Idea imagine non seulement des secteurs en difficultés, du logement ou de la santé, mais aussi dans un cadre européen. Une idée qui apparaît soutenue par les entrepreneurs du pays, puisqu'un sondage du think tank, réalisé au cours de la semaine dernière, indique que 90% des sondés souhaitent voir une réponse coordonnée au niveau de l'UE. L'idée d'une mutualisation des dettes liées au covid-19 aurait le soutien des acteurs économiques grand-ducaux, en adéquation avec l'idée défendue par le gouvernement «des coronabonds».
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
