L'hydrogène belge pourrait séduire le Luxembourg
L'hydrogène belge pourrait séduire le Luxembourg
Pas de doute : le courant passe bien entre Luxembourg et Belgique. Les récents accords signés entre les deux Etats sont venus le démontrer. En fait, le seul courant qui ne passe pas c'est l'électrique. Par contre, pour d'autres énergies, le Grand-Duché reste étroitement lié aux infrastructures voisines. Ainsi, de l'ordre de 70% du diesel consommé au pays ou 80% du gaz proviennent du royaume. «Et demain, probablement, de l'hydrogène vert!», s'enthousiasme déjà le ministre de l'Energie.
Du H2 vert, il en a d'ailleurs été question durant la rencontre binationale de cette semaine. Une Gaichel où Claude Turmes (Déi Gréng) et son homologue Tinne Van der Straeten (Groen) ont échangé sur la possibilité d'établir un pipe-line fournissant la précieuse source d'énergie depuis la Belgique.
«L'hydrogène vert émergera à proximité des grandes infrastructures industrielles et chimiques, comme les ports d'Anvers (ou Rotterdam). Ces installations seront alimentées en électricité verte (notamment issues des installations éoliennes off-shore). Tout comme ces ports recevront de l'hydrogène importé, venu aussi bien d'Oman ou de Namibie. Nous aurions intérêt à être reliés à la grande dorsale qui viendra desservir le territoire belge».
Quantifier le besoin
Ainsi, la molécule (promise pour remplacer à terme le gaz fossile) pourrait bien être transportée de la mer du Nord vers, par exemple, les aciéries, l'aéroport ou les activités industrielles de Liège et sa région. Le réseau de tuyaux pourrait facilement être prolongé depuis cette «ville-étape» vers le Grand-Duché, «puis vers la Sarre -très demandeuse- notamment pour ces usines sidérurgiques de Dillingen».
Mais encore faut-il préalablement quantifier le besoin éventuel en hydrogène des gros consommateurs d'énergie luxembourgeois. «Une étude Benelux sera lancée pour cette estimation», prévient Claude Turmes. Elle questionnera en premier lieu les sociétés qui, déjà, dans leur process emploient de l'hydrogène (dans sa version fossile).
Ceratizit (à Mamer ou Niederkorn) ou encore Guardian (à Bascharage) figurent sur la liste. ArcelorMittal fera aussi partie des sondés. Ses sites sont gourmands en gaz et cherchent des alternatives décarbonées, alors pourquoi pas?
«Mais, là où le gaz sert au chauffage, la bascule peut aussi se faire vers la biomasse», modère le ministre de l'Energie qui n'entend pas pousser les uns ou les autres à souscrire impérativement à la seule alternative du «H2 propre». «Dans notre futur énergétique, seulement 15 à 20% de la consommation procédera de molécules vertes, et une partie de ce ratio sera assumée par l'hydrogène vert. Cela restera un produit noble et certainement coûteux mais tellement intéressant environnementalement parlant.»
Si la proposition belge est «attirante», le Luxembourg n'entend se raccorder qu'à cette éventuelle possibilité d'approvisionnement. Et sur le bureau du ministre, d'autres dossiers attendent aussi.
L'un concerne un raccordement avec l'Allemagne. L'autre avec la France. «Dans ce cas, l'importation se ferait depuis des sites de production d'hydrogène vert basés en Espagne et au Portugal, deux pays en pointe dans le domaine.» Cette fois, le procédé d'électrolyse employé tirerait son électricité d'installations photovoltaïques, plus efficientes au sud de l'Europe.
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