L'espace ouvre de nouveaux territoires
L'espace ouvre de nouveaux territoires
«Les ingénieurs ont toujours été les fers de lance des révolutions industrielles.» Lors de la dernière journée de l'ingénieur, le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, avait rappelé un certain nombre de classements du Luxembourg.
«Comment notre pays se situe-t-il dans la comparaison internationale? Dans le Global Talent Competitiveness Index du World Economic Forum 2018, le Luxembourg se place 52e sur 127 pays en termes de disponibilité de scientifiques et d’ingénieurs. Pour la qualité de l’enseignement en mathématiques et sciences, il se trouve en 31e position. Dans le World Talent Ranking de l’Institute of Management Development de Lausanne, notre pays occupe la 44e position sur 63 en ce qui concerne la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée. Ce manque de main-d’œuvre qualifiée pourrait freiner le Luxembourg dans le développement de niches de compétence.»
3.800 à 4.500 euros en début de carrière
Dans les «niches de compétences», l'espace a pris une place particulière depuis la création de la Société européenne de satellites il y a 33 ans. Le bilan n'est pas spectaculaire en termes d'emplois: l'espace emploie 600 personnes dont la moitié chez SES. «Mais les choses se sont accélérées avec l'adhésion du Luxembourg à l'Agence spatiale européenne. Et ce sont tout de même 300 nouveaux emplois dans ce secteur hyperspécialisé», explique le directeur général d'Hitec et président du conseil de gouvernance de l'Université de Luxembourg, Yves Elsen. «Certaines sociétés existantes ont diversifié leurs activités et d'autres, comme LuxSpace ou Spice ont rejoint le Luxembourg avec des besoins de personnels hautement qualifiés.»
«Dans les années à venir», ajoute-t-il, «je peux très bien imaginer des demandes dans les télécoms, les réseaux, les technologies de l'information et de la communication mais aussi dans des domaines comme la mécanique ou les ingénieurs électromécaniciens».
En fait, explique-t-il encore, «on assiste à une forte demande mondiale d'ingénieurs en STEM (science, technologie, ingénieurie et mathématiques). Dans les huit années à venir, 40 à 50 % de nos actifs partiront à la retraite dans ces domaines et la Chine diplôme chaque année autant d'ingénieurs que les Etats-Unis, le Canada, le Japon et l'Europe de l'Ouest en cinq ans. Le problème va se jouer là.»
Pourtant, les métiers de l'ingénieurie et plus particulièrement dans l'espace proposent des carrières qui démarrent après trois à cinq années d'études, avec un master, à 3.800 à 4.500 euros par mois dans le privé. Dans ce secteur, les jeunes Luxembourgeois ont un avantage connu dans tous les secteurs: non seulement le cursus de l'université de Luxembourg impose un des six semestres à l'étranger pour ceux qui ne seraient pas partis dans les universités allemandes, belges ou françaises, mais parler naturellement quatre langues offre aussi un avantage.
Un master à venir l'an prochain
Jusqu'ici, le Luxembourg ne proposait qu'une formation, mais bienvenue dans le contexte de l'initiative sur les ressources de l'espace: un master en droit de l'espace. Jusqu'à début juillet, des étudiants luxembourgeois pouvaient intégrer un programme de stages de l'Agence spatiale européenne à l'ESRIN (European Space Research Institute) à Frascati en Italie, à l'EAC (European Astronaut Centre), implanté près de Cologne, à l’ESTEC (European Space Research and Technology Centre), implanté à Noordwijk aux Pays-Bas, et à l’ESOC (European Space Operations Centre), situé à Darmstadt en Allemagne.
Les autres devaient aller à l'université de Delft, aux Pays-Bas pour y suivre un master en ingénieurie de l'espace, ouvert aussi bien sur l'ingénieurie pure des vaisseaux spatiaux que sur l'exploration de l'espace et l'aérodynamique. L'an prochain, l'université de Luxembourg devrait accueillir sa première promotion d'étudiants en master de l'espace.
Mi-avril, lors de l'«Asteroid Science Interaction with In-Space Mine Engineering» (Asime), M. Elsen, avait annoncé un partenariat avec l'université de l'espace de Strasbourg (ISU) pour cinq ans. Créée en 1987 par trois anciens étudiants du prestigieux Massachusetts Institute of Technology, l'ISU «a des professeurs reconnus et son cursus scientifique est complémentaire à ce que nous voudrions mettre en place ici», disait-il.
