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L'économie luxembourgeoise allergique au covid-19
Économie 3 min. 09.03.2020 Cet article est archivé

L'économie luxembourgeoise allergique au covid-19

La chute des cours boursiers en Chine et sur la planète est particulièrement préoccupante pour l'activité financière au Grand-Duché.

L'économie luxembourgeoise allergique au covid-19

La chute des cours boursiers en Chine et sur la planète est particulièrement préoccupante pour l'activité financière au Grand-Duché.
Photo : AFP
Économie 3 min. 09.03.2020 Cet article est archivé

L'économie luxembourgeoise allergique au covid-19

Patrick JACQUEMOT
Patrick JACQUEMOT
Dans le plus négatif des scénarios, le Statec pense que l'épidémie du coronavirus pourrait réduire la croissance luxembourgeoise à +0,7% cette année. Les services financiers se sortant plutôt bien des effets de la crise sanitaire mondiale.

Economiquement, l'année 2020 ne s'annonçait déjà pas comme la plus prospère à l'échelle mondiale. Idem pour le Grand-Duché qui pouvait toutefois s'appuyer sur une prévision de hausse de 2,4% de son produit intérieur brut (PIB). Mais cela, c'était avant l'arrivée de l'infection pulmonaire partie de Chine et qui a déjà fait tout le tour du globe. Trois mois après le signalement des premières infections, et alors que le Grand-Duché compte cinq cas identifiés de coronavirus, le Statec revoit donc ses chiffres. Forcément à la baisse.

Si la part des échanges avec la Chine a significativement crû depuis trente ans, l'Empire du Milieu ne représente qu'environ 1% des exportations de biens et services du Luxembourg. Ou 2% si l'on inclut Hong Kong avec lequel beaucoup d'échanges de services financiers existent. Aujourd'hui, le pays envoie aux 1,4 milliard de Chinois essentiellement des produits issus de la métallurgie (25%), des machines outils (20%), des produits en plastique et caoutchouc (15%) et divers matériels de transports.


L'OCDE prédit une baisse de la croissance
C'est une des conséquences de la crise du coronavirus. L'Organisation de coopération et de développement économiques a ramené ce lundi sa prévision de croissance planétaire de 2,9% à 2,4%. Elle met en garde contre un scénario encore plus noir si l'épidémie devait s'aggraver.

Mais entre Luxembourg et Pékin, les relations portent également sur les transactions sur les marchés financiers. Ainsi notamment, la Bourse de Luxembourg a-t-elle tendu la main vers son homologue asiatique ces dernières années. L'environnement boursier étant déterminant pour l'économie nationale (à commencer par les fonds d'investissements). Aussi, est-ce avec un œil attentif que la Place voit chuter les indices boursiers depuis fin février. Et cela en lien direct avec la progression du nombre d'infections au covid-19.

Pour les statisticiens du Statec, «le repli observé récemment sur les places financières est de mauvais augure». C'est dit, et notamment pour ce qui concernera les recettes fiscales liées aux transactions sur le marché boursier attendues par l'Etat luxembourgeois.

A l'heure actuelle, les habitués des données du service de statistiques ne sauraient être affirmatifs sur leurs prévisions. Mais dans une publication, ce lundi, ils se basent sur deux scénarios basés eux-mêmes sur une anticipation d'Oxford Economics qui sera rendue publique le 11 mars. De fait, le PIB de la croissance du PIB de la zone euro serait divisé de moitié, passant pour 2020, de +1,6% attendu à +0,8%. Le Grand-Duché, lui, s'en tirerait avec une hausse de +0,7%. Des chiffres avancés dans le cadre d'un «scénario de base».

Car les économistes ont aussi poussé les curseurs dans le rouge, anticipant les effets d'une récession globale forte en cas de poussée de la pandémie. Dans le pire des cas, cette récession pourrait intervenir dans cette première moitié d'année. Là, le PIB européen perdrait 2,5 points de % en 2020 et 2021 en cumul. L'Eurostoxx (indice boursier de la zone euro) plongerait de 10%, avec des échanges essoufflés. 

Répercussions sur l'emploi

Et cette fois, le Statec ne prend pas de gants : «Le choc sur l'économie luxembourgeoise serait comparable au choc négatif subi lors de la crise des dettes souveraines de 2012/13», réduisant la croissance à 0,7% en 2020 et 1,7% l'année suivante.

Dans l'hypothèse la plus sombre, les exportations de biens et de services et de services non financiers «perdraient de 3 à 5%» sur deux années. De quoi se traduire également sur les perspectives d'embauche des sociétés du Grand-Duché. «La croissance de l'emploi se réduirait à 2,5% en 2020», avance le Statec.


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