L'assurance luxembourgeoise plus que jamais internationale
L'assurance luxembourgeoise plus que jamais internationale
L'association des compagnies d'assurances et de réassurances (ACA) a publié ce mardi les résultats du secteur d'activité pour l'année écoulée. Les chiffres s'avèrent dans l'ensemble positifs, notamment pour le marché international puisque les primes ont augmenté de 17,8% sur un an dans l'assurance vie (à 21,623 milliards d'euros) et de 7,31% pour l'assurance non-vie.
La première hausse tient principalement à l'utilisation quasiment exclusive à l'étranger du contrat d'assurance vie luxembourgeois comme un produit de placement. «Le secteur est très fort à l'export», constate Marc Hengen, administrateur délégué de l'ACA. La part de marché de l'international atteint ainsi 81,7%, contre 7,8% pour le national. «C'est un modèle d'affaires développé au Luxembourg, complète M. Hengen. Les assureurs jouissent ici d'une stabilité générale et d'une réputation de sérieux».
Couac en Belgique
Sur ce créneau, la plus grosse proportion de clients étrangers est originaire de France (36%). Ils viennent ensuite d'Italie (18%) et de Belgique. Mais, bien que dotées de 10% de parts de marché, les primes belges reculent du fait d'une législation jugée discriminante.
D'un point de vue réglementaire d'ailleurs, le passage à l'échange automatique d'informations fiscales, opérationnel en 2017, ne semble plus inquiéter les professionnels de l'assurance-vie. La décollecte a eu lieu en 2013 lors de l'annonce. Celle-ci est dorénavant «digérée» estime Claude Marx, représentant du secteur à l'ACA. «Nous pensons même que cela va alléger la pression sur la libre prestation de service», complète-t-il en faisant référence à l'image de «paradis fiscal» traditionnellement associée au Grand-Duché, laquelle ne devrait plus prévaloir.
La gestion de fortune explique la hausse
La hausse de l'assurance vie au niveau national, de 62% à 2,04 milliards d'euros, s'explique elle principalement par la prise en compte des placements des véhicules d'investissement de droit luxembourgeois. En investissant pour le compte de clients privés, ils leur permettent de rester anonymes et cachent de facto leur origine, explique-t-on en coulisse.
Dans le «non-vie», le marché international a aussi significativement progressé, de 7,3% à quasiment deux milliards d'euros de primes, grâce au développement de niches telles que le risque industriel. En «non-vie» national, les primes n'augmentent que peu, de 2,2% à 843,7 millions d'euros (soit seulement 3,1% du marché domestique).
367 millions de bénéfice
In fine, à 367 millions d'euros, le résultat après impôt des entreprises du secteur a progressé, de 5,94% par rapport à 2013. Celles-ci ont payé 129 millions d'euros d'impôts et 44,29 millions de taxes sur les primes d'assurance. Sur le marché national, le bénéfice a lui reculé de 5%.
L'association des assureurs et réassureurs interpelle par ailleurs l'attention du public sur des changements fondamentaux du marché. Outre les coûteuses nouvelles réglementations régissant le secteur (comme la directive solvabilité II en cours de transposition), ce sont les bouleversements démographiques qui inquiètent davantage dans un contexte de creusement du déficit public.
L'ACA demande au gouvernement une augmentation et un élargissement des déductions fiscales liées aux primes d'assurances pour encourager la population à se tourner vers les pensions complémentaires et ainsi favoriser un transfert progressif et partiel du système de retraites par répartition à celui par fonds de pension privés.
Pierre Sorlut
