iSpace veut être la première sur la Lune
iSpace veut être la première sur la Lune
Le robot avance avec précaution.
Dans un bac à sable gris-vert de 100m2 qui reproduit le sol de la Lune dans le garage d'un ancien bâtiment de Paul Wurth, son pilote n'est pas là pour gagner une course. Le prototype Hakuto ne doit ni se renverser sur un cratère ni heurter un rocher.
L'an prochain, Space X l'emmènera dans l'espace, l'année suivante sur la Lune. Et les dirigeants d'iSpace espèrent que les rovers suivants embarqueront le spectromètre de masse conçu et adapté au List.
«Nous voulons être la première société privée à atterrir sur la Lune!», assure le CEO d'iSpace Europe, Kyle Acierno, en référence à la spectaculaire arrivée des Chinois sur la face cachée de la Lune.
Mais son ambition va bien au-delà. Une fois que les rovers de la société auront pris l'habitude de se poser sur l'astre céleste, une fois qu'ils auront détecté de l'eau,iSpace entend devenir «le pétrolier de l'espace». Car sous une forme ou sous une autre, l'eau deviendra le carburant des fusées et autres engins spatiaux qui voudront aller plus loin que la Lune.
Premier arrivé, premier servi
Selon l'interprétation luxembourgeoise de la loi internationale de l'espace, rien n'empêche de commercialiser une ressource de l'espace. «Il n'est pas question de s'approprier la Lune», rappelle le Canadien en citant une fois de plus la métaphore avec l'océan qui n'appartient à personne et le poisson que tout le monde peut pêcher.
Mais, détail qui a son importance, la même loi impose aussi de ne pas perturber les activités de son voisin. «Quand vous atterrissez sur la Lune, vous générez beaucoup de poussière et notre robot pourrait avoir des problèmes», explique-t-il. Autrement dit, les concurrents devront se tenir à distance. A 50 kilomètres exactement, d'où l'intérêt d'être parmi les pionniers.
«Et deux ans après notre arrivée, je me félicite de l'initiative luxembourgeoise, ce soutien qui nous a permis de croître rapidement. Aujourd'hui, nous sommes 16 à Luxembourg [et 66 au total avec le siège au Japon, ndlR.]! Et d'autres pays, comme les Emirats arabes unis, le Canada, le Japon ou la Chine, ont préparé une loi comme celle du Luxembourg, la compétition va s'intensifier».
Pour être parmi ces pionniers, iSpace a officialisé hier matin une collaboration qui a démarré en réalité en octobre dernier avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) autour de l'adaptation d'un spectromètre de masse. Pendant deux ans et grâce au soutien financier (500.000 euros) du Fonds national de la recherche, le projet de recherche FOCAL1DS – «Space Deployable 1-Dimensional Focal Plane Detector for Magnetic Sector Mass Spectrometer» – permettra aux rovers d'iSpace de détecter la présence d'hydrogène, d'oxygène et d'eau.
La propriété intellectuelle au Luxembourg
La propriété intellectuelle de ce spectromètre continuera d'appartenir au List. iSpace a la garantie de pouvoir en profiter de manière exclusive. C'est un élément-clé dans l'ancrage des sociétés de l'espace au Luxembourg, le financement de la recherche et la propriété intellectuelle.
Fondée par Takesju Hakamada, iSpace a déjà levé 84,7 millions d'euros et sait qu'elle devra trouver beaucoup plus de capitaux pour financer son développement futur: trouver de l'eau, forer, la stocker, la transformer puis pouvoir la revendre à des «voyagistes de l'espace» ou des explorateurs aura un coût considérable mais est dans le mouvement du développement de l'espace.
Le spectromètre du List et sa collaboration avec l'Université de Luxembourg dans un autre projet de cartographie de la Lune lui permettra d'avoir une bonne connaissance de la Lune et de revendre des données, cela fait partie du business plan officiel de la société. Manquer de «carburant» quand on veut soi-même en vendre à d'autres, ce serait regrettable.
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