«Il faut faire le dos rond, ça va passer»
«Il faut faire le dos rond, ça va passer»
Surtout maintenir le contact avec les équipes et la dynamique de l'entreprise. Voilà la règle d'or suivie par Franck Fuss depuis que les chantiers de construction ont fermé leurs grilles au Luxembourg. Il a alors dû placer la cinquantaine d'employés de For-Sci-Tech au chômage partiel. Un épisode que le chef d'entreprise entend passer en veillant sur la santé et le moral de ses salariés mais aussi «en continuant à sortir des devis, à répondre à des appels d'offre, faire tourner le bureau d'études en attendant que les gars retournent sur le terrain».
Pour l'instant, comme de nombreux patrons de société du secteur de la construction, Franck Fuss entend laisser passer l'orage. «Honnêtement, le carnet de commandes était plein. Je sais donc bien qu'en sortie de crise le travail nous attend, ça aide à tenir le coup.» Chantier du tram, bâtiment Adenauer au Kirchberg, réfection du lycée Michel Rodange, tour Omnia à Belval, des ponts ici et là à démanteler : il faudra bien que tout cela se fasse. Si ce n'est pas demain, après-demain.
Dans cette crise sanitaro-économique, le chef d'entreprise a aussi été réconforté en voyant que ses grands donneurs d'ordre ont pris soin de régler leurs factures rapidement. Assurant par là même «un peu de trésorerie bienvenue quand il faut tout de même payer 20% de la masse salariale alors que rien ne rentre».
La fameuse «solidarité indispensable» dont a parlé le ministre des Classes moyennes, Lex Delles (DP) lors de la présentation du Plan de stabilisation, existerait donc bien. Même ses banquiers l'ont contacté pour l'assurer de leur mansuétude. Des gestes qui réconfortent au milieu d'une actualité plutôt sombre.
Pragmatisme salué
Pour Franck Fuss, l'avenir serait presque plus préoccupant que le présent. C'est qu'il faudra vite se retrousser les manches quand «l'entonnoir dans lequel sont tombés tous les chantiers» va se déboucher. Au point d'ailleurs qu'en ce début de printemps, l'entrepreneur doute que 2020 puisse se poursuivre avec l'instauration d'un congé collectif en été. Trop de retards à rattraper dans les travaux; trop d'argent à récupérer pour rembourser ce que les uns et les autres doivent.
Au passage, ce responsable de plusieurs autres entreprises (au Grand-Duché, dans l'Hexagone et en Belgique) salue le rôle de l'Etat luxembourgeois. Ce n'est pas tant l'ampleur des aides qui l'impressionne (8,8 milliards d'euros tout de même) mais le pragmatisme des mesures. «Je vis aussi avec ce qui se passe dans les pays voisins, et là c'est nettement plus approximatif», salue le Français reconnaissant.
Et de conclure sur l'espoir que le quotidien retrouve au plus vite son cours avec ses travaux (agaçants parfois, non?) et ses petites joies. «Je suis également propriétaire d'un restaurant et j'ai hâte d'ouvrir à nouveau. Après le confinement, les gens auront envie de se retrouver, de fêter, de manger. Vous verrez, on retrouvera vite le sourire», pronostique déjà Franck Fuss.
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