Gramegna rassure le Londres financier
Gramegna rassure le Londres financier
Par Pierre Sorlut
Lors de son allocution de bienvenue aux professionnels de la finance réunis à Luxembourg ces jeudi et vendredi pour l'assemblée générale de l'ICMA (Association internationale des marchés de capitaux), le ministre des Finances Pierre Gramegna a tenu à «dédramatiser» le Brexit et à rassurer sur la continuité des flux financiers une fois le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne acté.
«Il y a des moyens d'agir» a expliqué le représentant du gouvernement. VRP de la place pour l'occasion, M. Gramegna a laissé entendre que le Luxembourg se posait en terre d'accueil naturelle des opérateurs financiers londoniens qui perdront à terme leur passeport d'accès au marché intérieur.
Substance obligatoire
Aux centaines d’habitués de la City et de Canary Wharf présents dans la grande salle du centre de convention du Kirchberg, le ministre des Finances a détaillé les règles du jeu. La présence à Londres des opérateurs financiers n'est pas remise en cause, mais il leur faudra installer une structure dans l'un des pays de la zone euro.
«Ils pourront choisir, mais le Luxembourg est déjà très bien positionné», a fait valoir M. Gramegna. Et de surenchérir: «Plusieurs ont déjà envisagé cette alternative». L'un des leaders mondiaux de l'assurance, AIG, la banque J.P. Morgan ou encore le gérant d'actifs M&G ont déjà fait savoir qu'ils allaient au moins partiellement utiliser la place luxembourgeoise comme relais pour leurs affaires.
Pas question d'ouvrir un bureau avec un ou deux employés a prévenu le ministre. Le mot substance est répété à l'envi. Pierre Gramegna insiste sur la nécessité d'une «présence crédible et durable», conforme à la réglementation européenne. «Le nombre de personnes employées dépend de l'activité, que l'on soit un assureur, un gestionnaire d'actifs ou une banque» explique-t-il encore.
Un attentisme revendiqué
Pas question non plus de relocaliser des institutions avec des employés par milliers. Les représentants de la place financière luxembourgeoise identifient des secteurs sur lesquels elle est déjà bien positionnée, à commencer par l'administration de fonds.
Les gestionnaires, quasiment exclusivement basés à Londres aujourd'hui, trouveraient un asile de prédilection au Grand-Duché pense Pierre Gramegna. «Cela ne veut pas dire qu'il faudra déménager tous les gérants de fonds sur le continent. Ils devront le faire dans une certaine mesure en y associant certaines fonctions, comme la gestion du risque», rassure le ministre des Finances.
Pour rassurer sur la bienveillance luxembourgeoise, Pierre Gramegna fait valoir aux micros de la presse internationale que, depuis le référendum du 23 juin dernier, son gouvernement «n'a pris aucune mesure particulière pour attirer les acteurs de Londres à Luxembourg» et qu'il n'en prévoit pas davantage à l'avenir.
«Parce que ce n'est pas nécessaire et parce que cela ne donne pas le bon signal», se justifie le ministre des Finances. Le locataire de la rue de la Congrégation entend garder Londres comme principal partenaire d'affaires après le Brexit dont les termes sont en cours de négociation.
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