Google lance un ultimatum au Luxembourg
Google lance un ultimatum au Luxembourg
Par Pierre Sorlut et Thierry Labro
«Ce serait le plus gros investissement de l'histoire du Luxembourg», témoigne le ministre de l'Economie Etienne Schneider joint par le «Luxemburger Wort» vendredi soir après 24 heures de spéculations et commentaires sur la possible spectaculaire arrivée du géant de l'internet Google au Grand-Duché.
La radio 100,7 annonçait jeudi soir un investissement d'un milliard d'euros en provenance de la firme de Mountain View (Californie) pour bâtir un centre de données nouvelle génération au Luxembourg et se relancer dans la course face à ses concurrents.
Le mastodonte de l'internet a perdu du terrain sur les spécialistes du stockage de données - le cloud computing - et il entend bien rattraper son retard, surtout sur Amazon Web Services. Ce qui passe par la création de douze nouveaux data centres dans le monde. Un avait été annoncé aux Etats-Unis, un autre au Japon. Restaient dix tickets à distribuer avant la fin 2018. Le Luxembourg s'est positionné. Le pays présente des caractéristiques idéales, entre son orientation business et son infrastructure qui le relie à toutes les grandes capitales qui comptent en quelques millièmes de seconde - ce qu’on appelle le taux de latence.
Plus gros consommateur d'électricité
Le coût énergétique constitue un autre argument majeur. Or le Luxembourg est un des pays d’Europe où l’électricité coûte le moins cher pour les clients industriels, 0,09 euro le kilowattheure contre 0,13 pour la moyenne européenne selon les statistiques de 2015 d’Eurostat.
Un accord de principe a été trouvé avec le gouvernement. Restait à fournir 25 hectares pour loger les serveurs de Google. La commune de Bissen et plus précisément Roost avait dans un premier temps été choisie pour la présence sur place du centre régional d'exploitation et de maintenance des réseaux d'électricité de Creos. «Ce sera le plus gros consommateur d'électricité du Luxembourg, devant ArcelorMittal», explique Etienne Schneider.
Agriculteur récalcitrant
La surface exigée avait été trouvée dans un premier temps via le regroupement de plusieurs parcelles, mais un agriculteur récalcitrant a bloqué la transaction. «Nous avons discuté pendant plusieurs mois. Google devient nerveux. Les Américains ne comprennent pas pourquoi il faut autant de temps», commente le ministre qui informe: «Ils nous imposent une deadline vendredi prochain.»
Les émissaires gouvernementaux et les porteurs du projet, Edouard Wangen (Luxconnect) et Gerard Hoffmann (Telindus), se sont retroussé les manches. Mais la commune de Bissen ne serait plus l'unique possibilité, fait savoir le ministre socialiste. «Nous avons trouvé des alternatives», rassure-t-il. Le premier groupement de propriétaires qui signera remportera la mise.
Plusieurs centaines d'emplois
M. Schneider qualifie le projet d'«extrêmement important pour le Luxembourg». «J'aimerais le conclure», poursuit celui qui revendique en avoir été à l'origine. Le ministre relève l'impact sur «l'image de marque et la compétitivité du pays». Contacté par téléphone, le président du cluster ICT (technologies de l'information et des télécommunications) Xavier Buck confirme. «Cela prouve qu'on a fait ce qui devait être fait en termes d'infrastructures», explique l'entrepreneur de l'informatique qui rappelle que Google avait préféré la Wallonie au Luxembourg en 2007 et 2013 pour y établir des centres de données.
Le possible futur data centre permettrait la création de «plusieurs centaines d'emplois» selon le ministre. Enovos et Creos profiteront directement de cette arrivée pour la fourniture d'énergie. Etienne Schneider promet même que «tous les racks seront produits au Luxembourg». «Taxes communales, impôts sur le revenu, les retombées seront énormes», renchérit le ministre. «C'est un accord win win win», résume-t-il. S'il est conclu évidemment.
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