Des syndicats de la Place en pleine «manœuvre politique»
Des syndicats de la Place en pleine «manœuvre politique»
Loin d'être apaisée, la passe d'arme inédite entre les syndicats de la Place financière se poursuit, de manière larvée. Quelques jours après s'être fendu d'un communiqué qui se voulait conciliant, le président de l'Aleba revient à la charge ce jeudi. Si Roberto Mendolia, dans une interview accordée au Luxemburger Wort, reprend le ton policé utilisé jusqu'à présent, certains mots ne laissent pas planer le doute quant aux tensions en cours entre les trois syndicats.
Accusé par l'OGBL et le LCGB de «faire cavalier seul» suite à un accord de principe avec l'ABBL et l'ACA sur le renouvellement des conventions collectives du secteur bancaire et des assurances, l'Aleba évoque «une désinformation des syndicats nationaux». Pour Roberto Mendolia, «la communication (entreprise par l'Aleba, ndlr) n'a pas été comprise» par ses alliés traditionnels. Et notamment de la part de l'OGBL qui aurait imposé «un no go» sur l'idée même de reconduire le cadre en vigueur actuellement pour les quelque 50.000 salariés de la Place.
Cette attitude, associée au silence du LCGB, pousse ainsi le président de l'Aleba à estimer «qu'il s'agit tout simplement d'une manœuvre politique». Comprenez la volonté des deux syndicats dotés de la représentativité nationale, à vouloir remettre en cause les décisions du syndicat ayant maintenu sa représentativité sectorielle suite aux élections sociales de mars 2019. Et donc de mettre à mal sa capacité à signer seul une future convention collective.
Si Roberto Mendolia assure vouloir «envoyer un message de paix» pour «rallier tout le monde autour d'une cause qui est celle du bon sens», il «salue le ministre du Travail qui ne répond pas à [la] question rapidement». En clair, le choix de conserver le statut quo qui bénéficie à l'Aleba dont le score n'avait pas franchi la barre des 50%. Pour mémoire, le syndicat avait obtenu 49,22% des suffrages, contre 31,58% pour l'OGBL et 19,20% pour le LCGB dans le groupe 4.
Une bataille sur fond de tensions sociales liées aux conséquences de la crise sanitaire, définie comme une «bombe à retardement» pour le secteur financier. «Ces derniers jours nous avons reçu des confirmations indiquant que les grands groupes vont licencier encore et que des plans sociaux vont arriver dans les prochains trois à quatre mois», assure le président de l'Aleba. Un discours pourtant en contradiction avec les propos tenus en fin de semaine dernière aussi bien par l'Aleba que l'OGBL qui assurait «ne pas avoir eu vent de quoi que ce soit».
Entre-temps, l'annonce de nouvelles suppressions de postes chez RBC est tombée, dans un contexte marqué par la reprise des réductions d'effectifs au niveau mondial. Raison pour laquelle Roberto Mendolia plaide pour «voir comment sécuriser la Place financière, les conditions et les acquis des salariés». Et selon lui, cela devrait passer par la reconduite de «ce que tous les syndicats ont accepté en 2018». Sauf que ce dernier oublie que la signature des actuelles conventions s'est faite après 18 mois d'intenses négociations et qu'OGBL et LCGB avaient signé à contrecoeur. Un aspect qui semble ressortir aujourd'hui.
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