Des soldes voués à «booster la reprise»
Des soldes voués à «booster la reprise»
(DH et ER) - La relance, c'est maintenant. Ce vendredi, les commerces luxembourgeois se trouvent sur le pied de guerre pour l'ouverture des soldes. Alors que les voisins français et belges ne prendront le train en marche qu'au 15 juillet au plus tôt, le secteur entend tirer profit d'un calendrier favorable pour oublier le confinement et ses deux mois de fermeture forcée qui ont plombé les trésoreries.
Et si certains s'étaient manifestés auprès de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) pour reporter l'opération de trois semaines - notamment pour écouler la marchandise au prix fort plus longtemps -, d'autres se satisfont de cette décision pour faire entrer des liquidités et ainsi pouvoir préparer la saison d'hiver.
Mais le maintien des soldes à la date du 26 juin est-il réellement une belle opportunité, six semaines seulement après la réouverture des magasins? La CLC veut s'en convaincre car «les mesures sanitaires permettent de faire du shopping en toute sécurité», commente Claude Bizjak, le directeur adjoint.
Même son de cloche du côté de l'Union commerciale de la Ville de Luxembourg (UCVL) où Anne Darin, sa présidente, assure que les semaines à venir «vont permettre aux commerçants d'avoir plus d'affluence pour booster la reprise progressive post-covid-19». «Tout est prêt», indique, de son côté, Eric Lai qui tient boutique rue de l'Alzette, à Esch. «Les clients sont rassurés et nous le disent. Nous attendions les soldes avec impatience et nous espérons aussi attirer les frontaliers.»
Car c'est bel et bien cette clientèle qui est attendue de pied ferme pour compenser les conséquences du chômage partiel, du congé pour raison familiale et du télétravail. Autant de mesures instaurées pour raisons sanitaires qui ont privé la capitale de quelque 50.000 personnes depuis le début de la pandémie. «Nous espérons que les personnes qui télétravaillent en profiteront pour venir en ville les week-ends car nous avons des ouvertures dominicales», rappelle Anne Darin. C'est ainsi que quatre ouvertures dominicales sont programmées, le 28 juin et les 5, 12 et 19 juillet. Et pour attirer le chaland, la Ville de Luxembourg assurera aussi la gratuité des parkings Stade et Schuman à ces mêmes dates.
Les commerçants du Grand-Duché espèrent donc tirer profit d'un calendrier favorable, puisque la France n'autorisera les soldes qu'entre le 15 juillet et le 11 août et la Belgique entre le 1er et le 31 août. Cette année donc, la Lorraine ne bénéficiera pas du régime dérogatoire lui permettant de s'aligner sur le Grand-Duché et devra composer avec un décalage de presque trois semaines sur son voisin.
«Entre les grandes enseignes, qui disposent de plus de latitude, et les petits commerces, qui ont besoin de liquidités et de place pour la prochaine collection, les avis étaient très partagés», souligne Pascal Schons, le directeur de la Fédération des commerçants de Metz. «Par ailleurs, les soldes au Luxembourg impactent davantage les magasins thionvillois», assure-t-il.
En effet du côté de Thionville, Carol Thil, la présidente de l'association des commerçants (Apecet) acquiesce. Mais l'association a déjà organisé la résistance. «Nous vivons une année particulière et chacun fait ses propositions et essaye d'écouler ses stocks comme il le peut.» Depuis la réouverture, les fichiers clients servent de référence à des ventes privées et des étals sont disposés devant les boutiques «pour créer de petits événements». En outre, l'Apecet a mis en ligne un site spécial destiné à stimuler les achats alors que l'opération chèque-cadeau - qui donne droit à une réduction de 10% dans tous les commerces thionvillois - a «fort bien démarré».
Si l'optimisme demeure du côté de l'Hexagone, une pointe de résignation se fait jour côté belge. «Nous avons le sentiment que cette situation n'est pas juste» , souligne Catherine Arnould, présidente de l'Association commerciale et industrielle d'Arlon (ACIA), en référence au décalage de près de six semaines par rapport aux dates grand-ducales. «D'autant que sur Arlon, la moitié de la population est employée au Grand-Duché, même si beaucoup de personnes sont actuellement en télétravail», ajoute-t-elle en regrettant «l'absence d'harmonisation des taux de TVA» de part et d'autre de la frontière.
2020 restera donc une année hors norme pour les commerçants, même si tous s'accordent sur un point. Les soldes ne constituent plus une période faste attendue avec impatience par les consommateurs. Ces derniers attendant «des promotions durant toute l'année.»
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.