De l'électricité entre Turmes et le secteur auto
De l'électricité entre Turmes et le secteur auto
A entendre Claude Turmes (Déi Gréng), vendredi, la colère de la House of Automobile (HOA) est montée dans les tours. Impossible pour le regroupement des fédérations et associations du secteur automobile luxembourgeois (FEDAMO, mobiz, FEBIAC) de suivre la voie proposée par le ministre de l'Energie. A savoir retirer l'avantage fiscal aux voitures de société qui ne seraient pas 100% électriques.
Le secteur avait-il besoin de pareille annonce? Certainement pas à l'heure où garages et concessions redémarrent doucement après deux mois d'arrêt de toute activité commerciale. Mais pire que le timing, c'est la nature même de la mesure qui heurte la HOA. Car si le ministre Vert appuie son souhait de réforme fiscale sur l'application du nouveau Plan national Energie Climat, les professionnels n'ont trouvé nulle trace du changement évoqué dans les pages dudit programme environnemental. Vérification faite, c'est exact.
Pour le porte-parole de la House of automobile, Ernest Pirsch, une question se pose d'ailleurs : «Le ministre Turmes fait-il cavalier seul et présente-t-il ses propres visions personnelles et fanatiques ou dispose-t-il de l’appui du gouvernement entier pour avancer dans un tel sens?» Une question à laquelle le Premier ministre a intérêt à vite répondre s'il ne veut se mettre à dos un secteur pesant quelque 5.000 emplois dans le pays. Secteur qui avait déjà été irrité par les annonces du ministre de la Mobilité, François Bausch (Déi Gréng), sur la mise en place de nouvelles normes de notation des émissions des véhicules.
Pour la HOA, il faut certes que le Luxembourg embraye vers une «électrification progressive et réfléchie du parc roulant». Mais cet objectif ne pourra être atteint pied au plancher, beaucoup d'obstacles restent sur la route : «La réalité actuelle manque encore de modèles disponibles avec des délais de livraison qui s’allongent, mais surtout d’infrastructures de recharge suffisantes», notent ainsi les professionnels. Sans même évoquer le prix des véhicules électriques ou hybrides qui restent parfois le principal frein à l'achat.
Un parc plus performant
D'ailleurs, dans les faits, les véhicules électriques ne représentent que 1,8% des immatriculations (chiffres 2019). Plus de 92% du marché des immatriculations neuves reste toujours composé des motorisations thermiques qui sont favorisées pour les véhicules de société parcourant, en général, un kilométrage très important pour lequel les voitures électriques ne conviennent pas obligatoirement. Et puis, en termes de "propreté environnementale", le parc leasing du Luxembourgeois reste sans doute plus à la hauteur que le parc auto privé, moins souvent remplacé et donc disposant de motorisations moins écologiquement performantes, souligne la HOA.
Alors, même si le gouvernement dans le cadre de son plan Neistart Lëtzebuerg a annoncé une majoration de la prime d'achat pour tout véhicule électrique, la colère de la House of automobile ne ralentit pas. Pas tant que le gouvernement ou Claude Turmes n'auront pas, notamment, précisé leurs intentions sur le régime fiscal à venir sur les véhicules de société.
«Nous regrettons qu’en cette période de crise sanitaire et économique, où justement la mobilité individuelle a confirmé son importance, le ministre avance des propos dérivés de toute logique, qui menacent la survie de nos entreprises et mettent en péril le maintien dans l’emploi de nos salariés», conclut la HOA.
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