Credit Suisse dévisse en bourse et peine à rassurer
Credit Suisse dévisse en bourse et peine à rassurer
(AFP) - L'action du Credit Suisse réduisait nettement ses pertes abyssales mercredi en fin de journée après la tentative du patron de la deuxième banque de Suisse de rassurer les investisseurs, rendus très nerveux face à tout signe de faiblesse dans le secteur bancaire.
Perçu comme le maillon faible du secteur bancaire en Suisse, l'établissement a vu le cours de son action perdre jusqu'à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 franc suisse malgré l'intervention de son président, Axel Lehmann, pour rassurer.
A 15h30 GMT, une heure avant la clôture, elle abandonnait encore 15,5%. Lors d'une conférence pour le secteur bancaire en Arabie saoudite, son président Axel Lehmann a assuré que la banque n'a pas besoin d'aide gouvernementale.
Ça n'est «pas un sujet», a-t-il déclaré, soulignant que Credit Suisse s'appuyait sur de «solides ratios financiers», sans toutefois parvenir à rassurer les marchés.
L'Arabie saoudite refuse d'aider davantage
Cette chute vertigineuse du titre - la banque valait à peine plus de 7,2 milliards de CHF en termes de capitalisation boursière en fin d'après-midi - a commencé après des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, première actionnaire de Credit Suisse.
Les Saoudiens ont volé au secours de la banque en entrant à son capital en novembre. Mais la Saudi National Bank ne compte «absolument pas» injecter davantage d'argent pour «plusieurs raisons», a expliqué Ammar al-Khudairy, son président.
La plus simple tient à des questions «règlementaires», a-t-il précisé. La banque nationale saoudienne détient une participation de 9,8%. Mais au regard du droit suisse, la Finma devrait se prononcer si elle franchissait le seuil des 10%.
Dans un entretien avec l'agence Reuters, M. al-Khudairy s'est pourtant dit «très content» du programme de restructuration de Credit Suisse, évoquant une banque «très solide».
Depuis deux ans, Credit Suisse est dans la tourmente depuis la faillite de la société financière britannique Greensill qui avait marqué le début d'une série de scandales ayant fragilisé la banque.
Depuis mars 2021, l'action a perdu plus de 83% de sa valeur. «La pression sur Credit Suisse a touché un marché déjà nerveux», a réagi Jane Foley, analyste chez Rabobank, auprès de l'AFP.
L'inquiétude monte
Les déclarations du nouvel actionnaire ont touché une corde sensible alors que les investisseurs s'inquiètent du risque de contagion après la faillite de la banque américaine SVB.
«Il semble qu'il y ait des investisseurs de plus en plus inquiets», a souligné Neil Wilson, analyste chez Finalto dans un commentaire de marché.
Mais si le Credit Suisse venait à se trouver face à des «problèmes existentiels», alors «nous serions face à quelque chose d'une tout autre dimension. Elle est vraiment trop importante pour qu'on la laisse couler», a-t-il insisté.
A la différence de SVB, Credit Suisse fait partie des 30 banques au niveau mondial considérées comme trop grosses pour qu'on les laisse faire faillite, ce qui lui impose une réglementation plus stricte pour pouvoir tenir le choc en cas de difficulté.
Début février, Credit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d'euros) pour l'exercice 2022 sur fond de retraits massifs de fonds de la part de ses clients et avait prévenu s'attendre encore à une perte avant impôts «substantielle» en 2023.
